Liberté vs société pourrissante

O et moi commençons à prévoir et repérer notre prochain trek en France, une traversée sac au dos, non de 100 km comme notre magnifique trek de l’été dernier sur le causse Méjean, mais d’au moins 200 km cette fois. Nous n’échangerions ça contre aucun hôtel de luxe ou île « paradisiaque ». Le paradis c’est la liberté, et il n’y a pas de plus grand sentiment de liberté et de vie que de marcher dans la nature, manger dans la nature, dormir dans la nature, être infiniment là à tout instant du jour et de la nuit. C’est littéralement passer dans un autre monde. Et nul besoin d’aller au bout du monde pour ça. Car le bout du monde, il est partout, et ce bout du monde proche est aussi le début du monde.

Un jour en rêve j’ai réalisé que Sollers et ma mère étaient le même genre de personne, bonne en façade, mauvaise dessous, avide de reconnaissance, faussement savante, néfaste, abusive et manipulatrice. Et que c’était à cause de cette ressemblance que, avant de la reconnaître, j’étais tombée dans le panneau. Avant ça j’étais allée chercher secours dans le christianisme, et les catholiques, comme à leur habitude, en avaient déduit que puisque je leur étais utile, il leur fallait me crucifier, et ils y avaient longuement et vicieusement œuvré – n’étant pas du tout d’accord avec cette vision des choses, après avoir bataillé j’étais partie ; ayant travaillé et écrit sur l’Ancien Testament, j’avais voulu apporter mon texte à une institution juive, et j’avais été reçue avec armes, contrôles sans fin et hostile paranoïa ; j’allai ensuite à la mosquée, où je fus aimablement reçue, puis, comme j’écrivais sur le Coran et prenais la défense des musulmans, on me fit savoir par ailleurs que l’islam n’avait pas besoin de moi – là encore, je suis partie, non parce qu’on n’avait pas besoin de moi mais parce que je n’acceptais pas la discrimination des femmes à la prière. Je me mis au yoga, et il se trouva bien quelques profs en ligne qui s’avérèrent aussi manipulables que n’importe qui, se faisant, comme tant d’autres, fourbes et traîtres, complices d’un harcèlement qui, au nom d’une prétendue bonne cause, en vérité m’empêche depuis de longues années de publier, m’a ruinée, obligée à vendre ma maison, peu à peu complètement isolée – mais il suffit de changer de prof si nécessaire et voilà une pratique qui, comme l’étude, le sport ou l’art, peut se passer des institutions.

Ceci est mon cas particulier, mais il est emblématique du fonctionnement de ce monde, de la façon dont il s’emploie à écraser les gens qui ne lui sont pas soumis. Voilà pourquoi j’apprécie, et nous sommes si nombreux à apprécier, tout moment de vie dans la nature, ou dans tout autre domaine qui permet de rester suffisamment à distance d’une société pourrissante.

alinareyes