Retournée courir après un mois et douze jours d’interruption pour cause d’intense traduction. Maintenant que je ralentis des doigts, je peux accélérer des pieds. Bon c’était une reprise, pas ma meilleure performance, mais je n’ai pas trop perdu quand même, ça va revenir vite. Et puis peu importe, l’essentiel est de courir, de bouger. Il faudra que j’aille en salle mesurer mon cœur sur un tapis : la médecin me dit qu’il est bon, mais quand même je voudrais savoir jusqu’où je peux le pousser sans problème. En attendant, je fais attention, je ralentis quand je sens que ça bat fort. Dialogue entre le corps physiologique, automatique, immaîtrisé, et le corps qui s’exerce à la maîtrise.
Réveillée à sept heures par deux vers d’Homère que je n’arrêtais pas de lire en rêvant – sauf que ce n’étaient pas des vers d’Homère, mais de l’invention de mon rêve. J’ai cherché le verbe principal dans le dictionnaire en me levant, n’étant plus sûre de son sens, et ça m’a agréablement éclairée. À l’état de veille, je suis bien incapable d’improviser un seul vers en grec, mais l’état de rêve est plus agile. L’état d’écriture, ou de traduction, tient, du moins pour moi, de ces deux états, l’état de veille qui maîtrise mais est plus limité, l’état de rêve qui permet tout mais dans l’immaîtrisé. L’enjeu étant de combiner le meilleur des deux.
J’avais changé ma playlist pour courir, j’ai couru sur l’album des Cumbias Chichadelicas, c’était parfait. Comme mon état général ressenti, corps et esprit.