J’ai acheté ce masque pour le porter dans un court-métrage que j’ai réalisé pour Canal + en 2001. Et j’ai rapporté de Prague les figures du mage et du roi.
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Préparant fougueusement mon cours sur Dom Juan. Je suis si Dom Juan ! À la Molière, avec un m ! Le m de aime et de Dominus. Dans quel livre ai-je écrit, il y a longtemps, « je ne crois à rien, sauf à la nécessité de vivre ou de mourir » ? C’était peut-être dans mon long poème Autopsie. Je n’en changerais pas un mot. (Mon rapport à « Dieu », je l’ai toujours dit, ne relève absolument pas de la croyance). Je la changerais, je la change sans cesse (ma phrase). Sauf à la nécessité de vivre ou de mourir signifie : si tu ne vis pas, tu meurs, tu es mort. Mentalement, un tas de gens sont morts, même et peut-être particulièrement parmi les plus cultivés. Je ne crois pas non plus en ma phrase, puisqu’en fait je ne crois pas à cette nécessité, je la constate. Qui ne retourne sans cesse à la vie, est mort.e.
J’ai toujours pris le parti de Dom Juan, toujours senti que j’étais Dom Juan. Je le dis dans La Vérité nue. Mais pas n’importe quel Dom Juan. Dom Juan est une page blanche où butent ceux qui la regardent. Les gens le voient à leur image, qui est presque toujours une image de mort. On l’associe au Requiem de Mozart. On le religiose, on le dolorise, on l’accuse, on lui fait rendre gorge. Haha ! Et on se retrouve les mains vides, sans avoir rien saisi, car ce n’est pas ça, Dom Juan. Le tour que Molière fait, ils ne le voient pas. Ils tombent dans le panneau. Comme Dom Juan à la fin de la pièce. Sauf qu’en fait, il n’y est jamais tombé.
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