S’arracher, et marcher

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tout à l’heure avenue des Gobelins, Paris 13e

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J’aime les chantiers. J’aime les défis. Plusieurs de mes livres sont nés de défis d’écriture que je me suis donnés. Ce sont aussi ceux qui ont le mieux « marché », ou qui sont les plus efficaces, parce qu’on y sent la tension qui me tenait en les écrivant. Minimum cinq pages par jour jusqu’à ce qu’il soit fini, c’est le défi que je me suis donné pour le livre commencé ce matin. C’est comme une source : vous faites le trou au bon endroit, ensuite il n’y a plus qu’à la laisser jaillir. Le tout est de trouver le bon endroit. L’écrivain est un sourcier.

Avant, pendant des années, quand je me lançais ainsi, je m’isolais. Le plus souvent dans ma grange, ou si mes proches étaient à la grange, ailleurs, dans des chambres d’hôtel ou des studios que je louais. C’était des moments de violente solitude, je les aimais violemment. Là je ne peux pas le faire, mais je trouverai un autre moyen de produire un arrachement. L’arrachement nécessaire à toute réelle création. Il me faut sortir un livre frappant qui soit aussi un livre à succès, j’en ai besoin pour la suite. Dieu ne m’a jamais privée de cette ressource quand c’était nécessaire, nous verrons bien, incha’Allah. S’arracher, et marcher. Comme Abraham. Notre descendance sera aussi nombreuse que les étoiles au ciel, « si tu peux les compter », si tu souffres de les écrire, ai-je aussi traduit dans Voyage.

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alinareyes