« Il faut aller vers le commun », disait déjà Héraclite (et j’avais ici donné en exemple la décolonisation nécessaire de la Palestine – je donnerais aujourd’hui comme exemple plus général et fondamental la décolonisation nécessaire des femmes, que les religions refusent de voir en égales des hommes et auxquelles elles imposent une ségrégation (visibilisée par les jilbebs, burkinis et autres voiles longs stigmatisants dans l’islam d’aujourd’hui, ou par les habits d’un clergé chrétien uniquement masculin), ségrégation contraire au principe d’égalité de la république. Abdulah Sidran semble lui faire écho en reprenant comme en refrain ces quatre vers (cinq en bosniaque) dans son poème, comme une définition et une mission de révélation de l’art poétique :
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Nous aurions dû plus tôt nous rendre à cette sage évidence :
les yeux du fou s’emplissent à minuit d’une lumière terrible,
un froid atroce règne dans ceux de l’aveugle ; dans les nôtres, ordinaires,
se reflète et se décompose l’image commune du monde.
Extrait du poème Ars poetica, d’Abdulah Sidran, traduit du bosniaque par Mireille Robin (revue Europe)
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