« La femme au portrait », un chef d’œuvre de Fritz Lang

Il y a longtemps que je n’ai proposé de film à visionner. Celui-ci, La femme au portrait, (The Woman in the Window), adapté d’un roman policier, est un film noir réalisé aux États-Unis, où Fritz Lang était en exil. Selon moi, c’est aussi un film surréaliste. La femme en question s’appelle Alice, comme le personnage de Lewis Carroll qui passe through the looking-glass, et on peut penser aussi à la nouvelle de Poe « Le portrait ovale ». L’histoire est celle d’un homme, un criminologue, qu’une image fait entrer dans une rêverie qui en semblant se réaliser le prend dans un crime qui… je n’en dirai pas plus, attention aux articles qui révèlent l’histoire partout sur Internet, mieux vaut les lire après. Tout un processus complexe (il faut saluer aussi le scénariste, Nunnally Johnson) conduit le film dans une tension, un suspense aussi parfaitement maîtrisés que les plans et les couleurs de Lang – car son noir et blanc, si concret, si matériel, tout en offrant certains moments symboliques époustouflants de beauté et de richesse de sens, a une épaisseur de peinture à l’huile, de terre humide (de sang ?), de réalité violemment colorée. On parle ici et là à propos de ce film de mise en scène de la culpabilité ; la question psychologique est peut-être la plus voyante, mais on peut aussi voir le film autrement, disons comme une histoire de passages entre le pays des morts et le pays des vivants, une histoire de fragilité de la vie quand elle bascule malgré elle dans la nuit du mal, quand l’homme dans un moment d’égarement, dans un moment de sommeil de la raison, se retrouve pris dans un engrenage, attaqué et réattaqué par des hommes qui appartiennent au mal, et doit passer par la mort pour en sortir. 1944, c’est la date du film.

(si un panneau apparaît au centre de l’image au début, cliquer sur la petite croix en haut à droite de ce panneau pour le faire disparaître)

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