Oliver twists in London (4). Par Olivier Létoile

une oeuvre de C215 à Londres

 

Toutes les routes mènent à Stratford. La nouvelle Rome. Athènes by Thames. L’antique au goût du jour. Le nouvel Olympe. Le stade olympique quoi !

Frétillant comme un gardon, je prends l’over ground d’Hampstead. 35 mns à ciel ouvert jusqu’au temple, l’église, la mosquée du muscle et de la foulée … je ne veux léser personne. Universel jusqu’au bout des doigts !

A peine ai-je pénétré dans la rame, qu’un groupe de supporters français m’accueille avec leurs costumes tricolores. Un couple peinturluré jusqu’aux lèvres et un célibataire déguisé en super Dupont. Je m’explique.

Sébastien est enroulé dans un drapeau en guise de cape tricolore sur un costume patriotique. C’est un peu le héros du 14 juillet, le super sans-culotte, la réincarnation de Gavroche version soldat inconnu, imberbe mais poilu jusqu’à la plante des pieds !

Mais ce qui m’intrigue le plus c’est le sombrero tricolore qu’il porte sur la tête. Peut-être a-t-il une mère mexicaine …? Peut-être est-il un lointain descendant de Maximilien, membre de la famille impériale d’Autriche qui se confond avec la maison de Lorraine -celle-là vous ne l’aurez pas- et qui fut mis sur le trône du Mexique avec l’appui de Napoléon III ? Peut-être a t-il juste passé ses dernières vacances à se griller la couenne sur les plages d’Acapulco ? Mais bon … étant un peu béarnais et non basque sur les bords … je dis Halte … Carton rouge …! Un béret de Nay sied mieux aux frenchies en goguette … non ?

Bref après avoir réfréné une furieuse envie de buritos, je sors de l’anonymat … j’adore jouer les locaux où que je sois … mais je dois avouer que dans certaines contrées du monde c’est un peu impossible ! Mais dans l’over ground qui me mène à Stratford … fastoche !

Au moment où je vais parler à Sébastien, il me tourne le dos et me présente une bosse digne de Quasimodo. Le drapeau-cape qu’il revêt sur son costume national flotte mollement sur un sac à dos qu’il porte sur son dos. Et je lui lance …

– Hé Blaise … sommes-nous bien loin de notre-Dame ?

Ça m’est venu d’un coup. Pas de réponse. Il s’appelle Sébastien mais quand même … J’insiste et précise …

– Avec ton sac qui te fait une bosse dans le dos t’es au moins le sonneur de Notre-Dame ?

Le four ! Total. Il m’a regardé avec les yeux du regretté Marty Feldman. Revisionnez Frankenstein Junior … un bijou ! Le reste n’est que littérature de gare d’over ground. Il s’appelle Sébastien. Il est informaticien et vit à Chatou, chez ses parents.

On approche de Stratford. Je ne savais pas encore que je ne verrai jamais aussi bien les infrastructures -c’est le mot n’est-ce pas ?- du parc olympique que de la rame qui m’emportait. De votre divan, en France, ou d’ailleurs, vous avez une meilleure vue de la foire … Et je pèse mes mots !

À peine le pied posé sur le macadam du quai, un teenageur ébouriffé vous hurle dans un porte-voix électrique que vous n’avez pas le choix. Direction la bouche d’ombre devant vous qui vous engloutit d’un coup … on a l’impression d’être le spermatozoïde d’un moine abstinent qui s’est enfin décidé …

Et l’on débouche sur la plateforme cruciale.

T’as un ticket tu passes, t’en as pas tu vas voir ailleurs si j’y suis ! Mais je veux juste voir le site … Forbiden ! Passe ton chemin petit homme … Où suis-je …? Help Alice … Lewis … Carroll … where am i ?

Je suis au pays du « t’achètes ou tu dégages ! » Westfield … un champ commercial grand comme la Beauce avec des boutiques éparpillées comme des épis de blé. En plastique. Ne me dis pas qui tu es … je t’habille de pied en cap… et ça va te plaire !

Crois-tu ? Je ne connais pas cette ville. Cette contrée … ce lieu … où l’on vous hurle la direction à prendre … franchement on se sent comme des prisonniers de guerre … Naïf … sûr … je pensais pouvoir au moins approcher les sites et voir les cathédrales du sport olympique. Au lieu de ça j’aurais pu m’acheter un container de polaires et de ballerines. On sait jamais, ça peut servir.

En fait, tout ce que j’ai vu ce sont des fauves VIP assoiffés, parqués derrière de jolies barrières en bois en plein milieu de la voie que le quidam moyen, voire un peu en dessous comme moi, emprunte pour aller où … je me le demande encore.

Je revois aussi le Droopy en costume quémandant des billets sur une feuille A4 griffonnée au stylo, ça m’a rappelé le métro parisien … et ses tickets restaurants. J’ai vu encore un Indien des Indes qui immortalisait un moment d’éternité tout sourire « cheese » avec une immense moufle en mousse, dont l’index proéminent était dirigé vers un panneau qui indiquait … la sortie … Stratford railways station ! Tout le monde finit par s’y rendre … pour fuir … pas sûr … c’est la magie des jeux !

Oh Pierre … sommes-nous bien loin de tes rêves ?

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à suivre, ici ou ailleurs ; les précédents étaient ici, ICI et

voir les oeuvres de C215 à Londres ici ; l’artiste expose aussi à la Pitié-Salpêtrière, mais ce n’est pas son meilleur

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Oliver twists in London (1). Par Olivier Létoile


une œuvre de Banksy pour les Jeux Olympiques de Londres 2012

 

Trouver une cave à vins à Londres ! Autant chercher une femme voilée dans les rues de Paris. Je n’ai rien contre le voile … seul le voile intégral me fait grincer des dents et des rotules. En revanche. J’aime trop les femmes … libres !

Ceci dit, ici, je ne sais pourquoi … ça passe … Je me suis même surpris à saluer une gente dame dont je n’apercevais que les yeux. Maquillés. On envisage mieux … non ?

Je crois que les Anglais ne connaissent pas la notion complexe et pour tout dire impénétrable comme les voies du Seigneur, d’Allah et de Bouddha réunis, de laïcité. Grand bien leur fasse, car pour ma part je trouve que l’on en fait un peu trop avec ce curieux vocable … et surtout on y met toutes nos peurs ! Pauvres républicains. Think Condorcet … sometimes !

En vain, j’en reviens au vin. De guerre lasse dans ma recherche d’une cave à vins, je mets le cap sur Waitrose, le monoprix local. Honnêtement je ne sais à quels niveaux se perchent les salaires ici, mais l’addition fut plutôt salée. De deux choses l’une, soit chacun joue en bourse, soit tout le monde gagne au bingo ! C’est Fauchon qui se serait lancé dans la lessive et le soda ! Les prix sont en total désaccord avec mon compte en banque mais le service, le service … Mazette !

J’ai vu un employé bras dessus-dessous avec un aveugle qu’il guidait parmi les étalages remplis et emplissait complaisamment son panier qui fut garni en un clin d’œil, si je puis dire.

Cherchant des œufs, je m’enquiers de leur emplacement auprès d’un autre employé. Il y en a légion. On se croirait revenu à la via sacra de Rome. Et quelle ne fut pas ma surprise de le voir me sourire et me conduire à l’autre bout du magasin qui je le précise fait à peu près la taille d’un hangar d’airbus à Toulouse. Je dois reconnaître que cela change des explications confuses que l’on vous crache à la gueule au moindre renseignement. En France.

Au Waitrose, j’ai aussi croisé une congrégation de Russes en mission de ravitaillement, venue supporter la tsarine du saut à la perche qui pour la grande histoire a fini médaille de bronze du dit concours. Un peu déçus, mais les ayant croisés au rayon alcool où je me trouvais moi-même, je gage qu’ils s’en remettront.

On voyage beaucoup au rayon des vins, beaucoup plus que dans une cave française. Afrique du Sud, Chili, Espagne, USA, Australie, Nouvelle Zélande … et France bien sûr … les olympiades de l’ivresse ! Il y a même l’Angleterre !

Bon il y a des sujets où l’on se doit de rester sérieux, où la barre est haute et doit le rester, ainsi que le sourcil. Du vin anglais … Non mais des fois … ils ne doutent de rien les Waterloo’s boys !

La plupart des bouteilles ont délaissé le bouchon de liège pour une capsule qui cède au premier tour de poignet. On croirait ouvrir une bouteille d’huile d’olive.

J’ai choisi un blanc et un rouge d’Afrique du Sud.

Aujourd’hui j’ai décidé de suivre la compétition de BMX. Seulement je me suis fié au programme paru dans L’Équipe qui donne les heures selon le méridien de Paris. Oh ! Greeenwich ! Insupportable cousin ! Pourquoi te distingues-tu ainsi ? Cela ne te suffit pas de rouler à gauche, de compter en miles, d’être européen en restant insulaire, de pondre des Pounds, de faire bouillir du bœuf !

Je suis arrivé trop tard. J’ai juste vu le site olympique, de loin. Cela vaut une chronique à lui tout seul. J’y reviendrai donc, avec les griffes acérées et la bave aux lèvres !

J’avais donc la matinée pour moi. Mon choix s’est arrêté sur Camden Market. En bus impérial. Et comme tout bons frenchies, avides de nouveautés, voire de sensations fortes, j’ai grimpé au First floor, direction Camden … afin de dominer la situation et la ville qui défile. A gauche.

Mon voisin assis sur le siège juste devant moi, écoutait très fort Iron Maiden sur son ipod tout en lisant la Bible sur son Iphone. En me penchant j’ai pu lire sur son écran : Mosiah Chapter 20.

Qui est ce Mosiah ? Moïse, Marcel ; Marcel fut-il un apôtre ? Je pense que ce Mosiah est un apôtre parce que j’ai vu défiler sur son écran Jean-John et Paul-Paul, à ne pas confondre avec Pol pot et encore moins Popaul !

Ceci dit j’ai aimé le mélange des genres. La Judée sous acide, la toge gothique, le tatouage en guise de stigmates et le miracle du aimez vous les uns les autres mixé au Heavy Métal pur et. Dur!

Nous arrivons donc à Camden Market. C’est un ancien marché aux chevaux transformé en marché aux puces. Small is beautiful !

De nombreuses sculptures très réalistes, en bronze comme les médailles, nous rappellent du reste le passé chevalin du lieu. Cela nous change des sculptures prétentieuses et absconses pour ne pas écrire moins, où l’on tord une pièce de métal pour figurer une vague encolure. De cheval.

Ici les vessies sont des vessies et les lanternes … les lanternes, elles éclairent un présent mulicolore et cosmopolite.

Bienvenue à Casablanca, Marrakech ! Camden c’est la médina by Thames. Une médina aux accents asiatiques, indiens et rastas … le temple du t-shirt, la Mecque de la jacket, le nirvana du beatnik et le paradis du chineur. En plein Londres.

Je ne puis m’empêcher d’avoir un pincement au cœur quand je repense au double gâchis des halles de Paris. Un autre cœur de cité qui lui se meurt.

Il ne leur a pas suffit- nous parlons présentement de nos élus- de tout foutre en l’air pour creuser un trou dans lequel des millions de doryphores s’entassent depuis une quarantaine d’années d’obscurité à la lueur des néons, il a fallu qu’ils remettent ça, dans une version écologique prétentieuse de la canopée. Une espèce de monstrueux papillon figé en plein vol par la vanité de ses concepteurs totalement hors du monde, déploie ses ailes sur des arbustes rabougris sans pour autant vous protéger des intempéries.

Pardi fait toujours beau à Paname c’est bien connu ! Résultat … les dealers ont encore de beaux jours devant eux et les clochards vont rester les pieds dans l’eau. Je connais le quartier.

Ici, à Camden, ça grouille, on sent encore le siècle révolutionnaire des machines et de la brique et on lève les yeux sur un siècle technologique qui est déjà là. On passe un bon moment. On se sent vivre en harmonie avec les siècles passés et les gens d’aujourd’hui.

J’ai croisé un groupe de supporters français à Candem. Ils sont venus de Besançon. En car et résident dans un camping en périphérie. Un Nouveau concept pour le mois d’aôut … Oubliez les plages de l’Atlantique ou celles de la côte d’Azur … Venez planter de la sardine à Londres !

Faut dire que nos supporters du jour sont des fondus de gymnastique. Bon à les voir c’est plutôt le genre d’agrès que l’on pratique devant sa télé sur un divan ou au bar, mais la flamme olympique les grille de l’intérieur. Passer sa journée peinturluré comme un indien du Doubs en agitant un drapeau large comme un drap de lit king size, faut oser, faut y croire … Mais chanter à tue-tête la Marseillaise dans les ruelles remplies de rastas se figurant être à Kingston en étant physiquement à Londres, cela tient de la volonté, du courage … du prodige ou de l’inconscience c’est selon.

Ils sont bien sympathiques néanmoins. Ces supporters. J’adore les gens qui vous racontent leur vie en moins de deux minutes : On aime la gym, nous faisons partie du club de Lyse dans le Doubs, à moins que ce ne soit le Haut Doubs, nous ne sommes pas des tendres, la preuve on -j’aime le on- on donc, on a remporté une médaille de bronze.

Et on est passé à la télé … la folie quoi … on a même été au club de France qui jouxte le studio de France télévision … sans invitation !

Son voisin qui est du Doubs aussi : « si, moi j’en avais une ! »

« Ouais toi t’en avais une ! Nous -toujours le nous- nous donc … nous, on a poireauté deux heures devant l’entrée ! Mais une fois dans la place on a foutu une sacrée ambiance … Avant qu’on arrive, ils veillaient les morts ! »

Je n’en doute pas un instant.

Ah j’ai ouvert le blanc d’Afrique du Sud. Fleuron du Cap, 2009, Sauvignon … paraît-il. À mon premier verre j’ai eu l’impression de lécher du fer rouillé tout juste passé à l’antimoine. Au second verre j’ai regretté que ce n’en fût point !

Y’a pas du blanc dans le Haut Doubs …? et même en bas …? C’est bon à boire la France … at least !

See you O

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le deuxième twist d’Oliver in London, avec Abbey Road, est ici ; le troisième .

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