Je suis allée voir l’arrivée de la manif pour tous place Denfert-Rochereau (voir mes reportages photo et vidéo sur Citizenside). Beaucoup, beaucoup de monde. N’ayant pas assisté au défilé, je n’ai pas vu ses composantes les plus désagréables, celles que je n’avais pas envie de revoir une fois de plus (après la « Marche pour la vie » et le « Jour de colère »). J’ai vu seulement des familles, des gens qui m’ont paru très fermement opposés à la succession d’évolutions sociétales que le gouvernement promeut de façon intempestive, sans esprit de concertation ni égards pour ceux qui ne partagent pas leur idéologie. D’autant que le pays continue à souffrir de la crise. Une politique en forme de jeu dangereux, qui pousse à bout des pans entiers de la population. Il est facile d’enlever le mot « détresse » à la loi Veil, de faire voter le mariage homosexuel ou d’introduire à l’école de nouveaux cours d’éducation sexuelle. Bien plus facile que de promouvoir une politique de responsabilité quant à la procréation et la contraception, bien plus facile que de réduire le chômage, bien plus facile que de lutter contre les inégalités, à commencer par celles qui frappent les enfants à l’école, non de par leur sexe mais de par leur origine sociale.
Contrairement à ce qu’on entend dire parfois, le mariage civil n’est en rien sacré. La preuve en est qu’il comporte la possibilité de divorcer, c’est-à-dire qu’il accepte que ce mariage repose sur un mensonge quant aux obligations, comme l’obligation de fidélité, qu’il implique. Un pacte qui est prévu pour ne pas tenir parole est un pacte invalide. Autant il me paraît incohérent que les chrétiens et les musulmans veuillent défendre à tout prix ce mariage qui n’est absolument pas sacré, autant je comprends leur inquiétude quant à la menace de voir s’étendre les trafics liés à la procréation médicalement assistée et à la gestation pour autrui. On nous assure qu’il n’est pas question de légaliser en ce sens, mais il n’est pas illégitime de faire pression pour empêcher, retarder ou limiter cette évolution. Car toute évolution sociétale qui consiste à se soumettre au prétendu droit de chacun, droit à l’avortement « banal » comme l’écrit une féministe, droit au mariage homosexuel mais aussi droit à l’enfant pour ceux qui ne peuvent pas en avoir, est le nouveau grand nihilisme à l’œuvre dans le monde. L’enfant y est considéré comme un objet que l’on peut rejeter ou se procurer à volonté. Son droit propre n’est pas envisagé, seul compte le « droit », en fait le désir des adultes qui veulent de lui ou ne veulent pas de lui. Rien n’est plus nihiliste que nier l’enfant comme personne humaine, car l’enfant est le devenir de l’homme, le porteur de l’avenir de l’humanité, et aussi, au plan spirituel, le possible porteur de notre innocence.