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C’était une fête dans un quartier chic de Paris. Dans l’immense salon d’un immense appartement donnant sur un grand jardin invisible de la rue. Un orchestre latino-américain avait été engagé. Des invités mondains, du milieu des médias, des intellectuels, des politiques, que sais-je encore. Sur ce qui faisait piste de danse, près de moi l’un d’eux se dandinait avec une mollesse repoussante. Je me suis écartée, j’ai passé le reste de la soirée avec les musiciens, les seuls parmi tous ces gens qui fussent virils et vivants.
Il n’y a pas de virilité dans les milieux d’argent et de pouvoir. Des coucheries, des obsessions, des histoires ambiguës, voire des viols, mais tout cela dans une extraordinaire mollesse morale. Vir signifie homme parce que cela signifie aussi, à la racine, force et courage. Des qualités qui physiquement, musculairement, sont plus visibles chez l’homme, mais moralement, mentalement, appartiennent tout autant à la femme.
Ces gens ne tiennent que par leurs réseaux. Individuellement ils ne tiennent pas, ils sont lâches, impuissants, fuyants, menteurs, dissimulateurs, fourbes souvent. C’est pourquoi ils intègrent toutes sortes de systèmes fonctionnant comme des mafias. Ils ne peuvent agir qu’en s’appuyant sur leur organisation. Sur la négation de ce qui fait que l’homme est unique.
La virilité, c’est de pouvoir dire « je » en vérité. C’est-à-dire que ce je parle et agisse lui-même. Et non pas que sa parole soit une répétition plus ou moins frauduleuse de celle des autres, ni que ses actes tiennent aux autres, à un réseau. Virilité et vertu ont la même racine. La virilité est une vertu des femmes aussi bien que des hommes. La virilité, c’est la franchise, et la franchise, c’est la liberté.