La petite poule d’eau tisse son nid, comme l’humain tisse son livre

Une femme qui la regardait m’a dit : « je suis là depuis un bon moment, elle n’arrête pas. » Puis elle est partie, en ajoutant : « elle doit faire ça toute la journée. » À mon tour je suis restée là un bon moment, et elle n’a pas arrêté ses allées et venues extrêmement affairées, sans répit, soignées, choisissant dans la verdure environnante herbes et feuilles avec rapidité et métier, parfois se ravisant, en rejetant une après deux ou trois pas et revenant en arrière en prendre une meilleure, traversant et retraversant l’allée en jonglant s’il le fallait entre les gens qui passaient et regardaient les grenouilles du bassin sans la voir, elle, la petite poule d’eau toute à sa tâche, à sa mission, déposant son matériau, brin après brin, dans le secret d’une touffe de verdure au milieu de l’eau, puis repartant, cueillant, revenant, ainsi de suite inlassablement, à se demander comment un si petit animal peut déployer autant d’énergie, et à se dire que seule la vie, la vie qui toujours vient et revient, peut motiver et rendre possible une telle dépense, un tel don de soi, pour la construction d’un abri où elle pourra être accueillie et se développer. À la bibliothèque Buffon où je venais de passer, il y avait une petite exposition sur la végétation et le livre, liés à l’origine comme le sont par l’étymologie le texte et le tissu.

 

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cet après-midi au Jardin des Plantes et à la bibliothèque Buffon, photos Alina Reyes

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