fenêtre

Photo Alina Reyes

 

Par la même fenêtre où cette nuit la blanche

Grande Ourse me fit signe, un petit homme en noir

ce midi sur les toits oeuvre au bleu, en miroir

de ma chambre étoilée, notre arbre du dimanche.

 

Ô frère suspendu dans mes phrases, je tiens

dans mon regard ta vie donnée en équilibre

et la cité chancelle en ses rues, ses ruelles,

libres soudain, le temps d’une ordinaire extase.

 

Deux nouveaux titres, et un nouveau format de lecture (PDF)

 

J’ai la joie de vous annoncer la publication sur ce site de deux nouveaux titres.

Le Onzième livre est un inédit. Une nuit avec Marilyn est une nouvelle précédemment parue dans un magazine, puis en édition papier.

Outre les formats ePub et Mobi, pour liseuses, tous les livres sont désormais disponibles aussi en PDF, pour une lecture simple sur ordinateur, qui permet également l’impression.

Je vous laisse découvrir cela en page Livres. Bonne lecture !

 

flamme

Photo Alina ReyesPhoto Alina Reyes

Être chrétienne, c’est pour moi pouvoir être aussi juive et musulmane. Je ne dis pas pour tous, loin de là. Il serait très dangereux de penser que cet être est aisément accessible. Presque personne au contraire ne peut le comprendre, car il faut d’abord pour cela faire un parcours très profond, puis ne jamais s’arrêter car il n’est jamais fini. Mais telle est justement la profondeur du christianisme. Il ne s’agit pas de confondre les religions en une seule, pas du tout. C’est aussi impossible que de vouloir faire des mathématiques, de la physique et de la musique une seule science ou un seul art. Il s’agit de comprendre que l’unique chemin qui va au Dieu unique, le Chemin, la Vérité et la Vie, tout entier contenu dans le Christ puisqu’il se définit lui-même ainsi, est aussi un chemin en trois dimensions, les trois monothéismes. Il faut comprendre que chacun a sa langue. L’hébreu, le grec, l’arabe sont les signes respectifs de trois autres langues, trois langues invisibles, par lesquelles Dieu parle. On ne peut pas lire le Coran comme on lit la Bible, on ne peut pas lire l’Évangile comme on lit la Torah, même s’il y a des passerelles et des correspondances entre les textes, et même un lien de génération entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Chacun des trois dit Dieu dans sa propre langue, comme les mathématiques, la physique et la musique forment trois langages différents mais également de vérité. Le relativisme n’a rien à voir dans cette question. On ne peut tout simplement pas les comparer.

Voyage est là pour en témoigner, et c’est juste un début. Si seulement les hommes pouvaient se délester un instant de leurs pesantes combines pour accueillir la grâce, ils ne voudraient plus rien connaître d’autre, et la joie se répandrait dans le monde comme une flamme, une envolée de papillons.

 

entrée

Photo Alina Reyes

 

Je vous tresserai dans la chevelure du ciel
un manteau de pluie douce
Je vous ouvrirai mon habit de perles de lumière
Je vous inviterai, mes reines, mes seigneurs,
à la table qu’en rêvant de vous je dresse
Mes yeux sont un coffre au trésor, j’écarte les paupières
et je vous vois, corps chamarrés allant par les longues
galeries des glaces et des forêts de l’immense univers
Je suis votre palais, l’enceinte en laquelle vous allez
vous unir dans les plis de mon manteau de flammes
douces comme la pluie je suis le mouvement
du ciel qui se penche et vous ouvre les bras,
la parole qu’il vous envoie, source jaillie
de son être amoureux, fendu au coeur comme une entrée

 

Son souffle de vie


Photos Alina Reyes

 

Jean 10

9. Moi je suis la porte. Si quelqu’un entre via moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et il trouvera un partage.

10. Le voleur ne vient que pour voler, sacrifier et perdre. Moi je suis venue pour que vous portiez la vie, et que vous la portiez au-delà de toute mesure.

11. Moi je suis le bon berger. Le bon berger expose son souffle de vie pour ses brebis.

12. Le mercenaire, qui n’est pas un berger, et qui n’a pas avec les brebis un lien particulier, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit – et le loup s’empare d’elles et les éparpille.

13. Car il est mercenaire, et il ne se fait pas de souci, lui, pour ses brebis.

14. Moi je suis le bon berger, je connais les miens et les miens me connaissent,

15. comme me connaît le Père et comme je connais le Père ; et mon souffle de vie, je l’expose pour mes brebis.

16. Et je porte d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos. Celles-ci aussi, il me faut les mener, elles écouteront ma voix, et finalement il y aura un seul troupeau, un seul berger.

17. Le Père m’aime via cela : j’expose mon souffle de vie, pour le reprendre en priant.

18. Personne ne le capture, venant de moi, mais c’est moi qui l’expose, à partir de moi-même. Je porte le pouvoir de l’exposer, et je porte le pouvoir de le reprendre. Telle est l’instruction qu’en priant j’ai reçue de mon Père.

 

Je continue, comme précédemment, par traduire le verbe lambano (prendre, recevoir) en tenant compte de son sens premier, qui exprime le fait de saisir les genoux en geste de supplication : j’y ajoute donc chaque fois une mention de la prière, car c’est une profonde vérité du texte et des faits.

Je traduis psychè (âme, vie) par son sens premier aussi : souffle de vie. Ainsi nous pouvons voir Jésus rendant l’esprit sur la Croix, son Esprit par essence qu’on ne peut saisir ni prendre, qu’il expose par tout son corps au-dessus de nous, là-haut sur la Croix, son souffle de vie qu’il reprendra comme on reprend son souffle, sa vie qu’il donne et reprend ainsi qu’il en a reçu le pouvoir dans la prière.

Et nous sentons son cœur qui bat pour nous tandis qu’il nous dit tout cela.

 

lecture de ce dimanche ; traduction et commentaire extraits de Voyage

 

La postérité spirituelle de Joachim de Flore, par Henri de Lubac. 14) La barque

Enluminure de l'Évangile d'Echternach, La tempête apaisée

 

Henri de Lubac consacre maintenant un chapitre à Philippe Buchez (1796-1865), qui écrivit :
« Depuis des siècles, le monde social, la religion, la philosophie, la science tournaient dans un cercle toujours le même, sans prévoir qu’on pût en sortir, assurant même que telle était l’éternelle vérité des choses. Le christianisme rompit ce cercle où les destinées humaines semblaient arrêtées à jamais, et il en fit sortir un monde nouveau. L’immensité de ses oeuvres est telle qu’il suffit de jeter un coup d’oeil sur l’histoire pour en être étonné. » (t.2, p.89)

Et :
« L’esprit critique passa sur les sociétés comme un ouragan ou un déluge ; il abattit les temples, brisa les sanctuaires, enfouit les traditions ; il mêla et roula la matière de Dieu et des hommes, et la jeta çà et là, et la laissa immobile, comme un sable inerte et sans volonté, attendant le germe de l’arbre qui devait l’abriter et la fertiliser. » (t.2, p.103)

Lubac évoque l’attachement de Buchez aux Pères de l’Église, dont la pensée est toujours à retrouver, et aussi « l’admiration de Buchez pour Grégoire VII, partagée par nombre de ses contemporains », ajoutant : « Sur la fin du dix-neuvième siècle, Mgr Duchesne consacrait une opinion commune lorsque, après un sombre tableau des liens dans lesquels se trouvait alors enfermée l’Église, il écrivait : « Il fallait sortir de là ; Grégoire VII ouvrit la porte, une porte qui ressemblait à une brèche. Le scandale fut énorme dans un monde qui vivait sur les abus. Mais le grand pape eut confiance dans la barque de saint Pierre. Sur la mer démontée où il la conduisit, elle répondit à la foi de son capitaine ». » (t.2, p.109)

Commentant la pensée de Buchez, Lubac écrit enfin :
« Ce principe de progrès, cette influence active, bref, cet élément dynamique, était dès le premier jour au coeur de la foi nouvelle. Il a pénétré les peuples qu’elle a formés. Plus profondément que bien d’autres facteurs, il est à l’origine de ce grand fait, devenu banal, que devait constater le second concile du Vatican : « Le genre humain passe d’une notion plutôt statique de l’ordre des choses à une conception plus dynamique et évolutive » ; de là, dit encore le concile en restant dans les généralités, « naît, immense, une problématique nouvelle, qui provoque de nouvelles analyses et de nouvelles synthèses ». Comme hier encore le Concile, Buchez avait la conviction que la fidélité totale au principe qui avait donné l’impulsion première était indispensable pour éviter aux hommes de s’engager dans des voies sans issue. Cependant, aujourd’hui encore, bien qu’on le devine partout à l’oeuvre, cet élément dynamique de la foi se laisse mal cerner. C’est autre chose qu’une notion nouvelle du développement dogmatique, autre chose aussi qu’une logique plus intrépide – ou plus simpliste – dans l’application de l’Évangile à la vie sociale. C’est tout le contraire d’une adaptation trop complaisante aux mentalités d’un monde qui change. C’est un jour nouveau, qui ne devrait pas être purement rétrospectif, sur la fécondité de la révélation chrétienne, un approfondissement dans la conscience que l’Église a de son rôle et des moyens renouvelés qu’elle doit mettre en oeuvre pour le remplir. » Ce qui « suppose une forte unité pour assurer non plus seulement le maintien d’une foi sans compromissions mais la droite orientation d’une Église toujours en marche. Au coeur de l’Église et de sa foi, en vertu même de ce qu’elle fut dès l’origine mais aussi des situations nouvelles du monde qu’elle a mission de sauver, ouverture d’une dimension d’abord insoupçonnée, – utopique ou prophétique, on en pourra discuter. »(t.2, pp 133-134)

*

J’injecterai l’Ordre des Pèlerins d’Amour
dans les veines du monde avec vous, soeurs et frères
passionnément présents dans mon corps qui vous aime

Libres