Censure d’État sur Dieudonné : quelques réactions

« La France croit-elle vraiment aux libertés publiques ? Dans quelle autre démocratie constitutionnelle les politiciens réussissent-ils à faire interdire des spectacles ? (…) C’est en fait un pitoyable aveu de faiblesse démocratique. » Article du chroniqueur Yves Boisvert à lire en entier dans La Presse (Québec)

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« Cette interrogation, que je me pose avec d’autant plus d’aisance que je n’ai jamais fait mystère de mes origines juives, la voici : un ministre de l’Intérieur, Manuel Valls en l’occurrence, peut-il interdire, sans enfreindre les règles de cette démocratie précisément, la liberté d’expression, de parole ou de pensée ? Et ce, quand bien même elle heurterait le sens moral, une quelconque conviction religieuse ou communauté civile ? Davantage : un État tel que la France, historique patrie des droits de l’homme, peut-il se substituer ainsi à la Justice, sans contrevenir à la Constitution elle-même (…) le paradoxe s’avère, on en conviendra, énorme : voici que la France se met à porter atteinte, au nom des droits de l’homme, à la liberté d’expression ! (…) À propos (autre inénarrable, s’il n’était tragique, paradoxe) : les Français savent-ils que leur prix littéraire le plus prestigieux, ce Prix Goncourt dont ils s’enorgueillissent tant, est la création, en la personne d’Edmond de Goncourt, de l’un des plus abjects homophobes, misogynes et antisémites (tiens, quand l’on parle du loup !) que la culture française ait malheureusement connu ? » Texte du philosophe Daniel Salvatore Schiffer à lire en entier dans Le Plus Le Nouvel Obs.

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« L’interdiction des spectacles de Dieudonné constitue-t-elle une atteinte à la liberté d’expression ? – Oui, à deux niveaux. L’interdiction administrative souhaitée par Manuel Valls est un processus attentatoire aux libertés publiques. C’est un scandale par rapport à l’Etat de droit. » Interview de l’avocat Philippe Bilger dans le Journal du Dimanche.

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« La semaine prochaine verra l’anniversaire de l’assassinat de Hrant Dink, le journaliste turco-arménien qui militait pour un dialogue ouvert sur le génocide arménien (en Turquie ce qui est tabou, c’est la reconnaissance du génocide, non sa négation). Quand le gouvernement français proposa de voter une loi similaire pour le génocide arménien à celle concernant la Shoah [loi Gayssot], Dink déclara qu’il irait à Paris afin de rompre la loi, pensant, comme moi, que la stricte réglementation de ce qu’on a le droit de dire et de ce qu’on n’a pas le droit de dire, en définitive nous diminue tous. » Texte de l’historien britannique Andrew Hussey à lire en entier (en anglais) dans The Guardian.

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