La pluie, la joie (et petite revue de presse)


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Le « Beethoven » japonais n’était en fait ni compositeur ni sourd. Mensonges sur mensonges. Ceux qui basent leur vie sur le mensonge ne savent pas vivre dans la vérité, mais savent entraîner beaucoup de monde dans leurs marais : ceux qui tout simplement ne peuvent savoir ce qu’il en est, et aussi ceux qui aiment ce qui brille et détestent que leur soit révélé leur goût du faux, qui les berce et les endort.

Le Saint-Siège critique « l’ingérence » de l’ONU dans ses affaires. Qu’ils ouvrent leurs archives, tant dans les dossiers d’abus sexuels que dans celui des bébés volés en Espagne (une affaire dont la presse ne parle pas, pourquoi?), et le monde commencera à moins avoir le sentiment que l’Église est pire que le monde.

Malala Yousafzaï, qui a déjà reçu le prix Sakharov, est maintenant nominée pour le prix des Enfants du monde. Difficile de ne pas se rappeler qu’elle est une enfant, et de ne pas avoir l’impression que des adultes l’instrumentalisent.

Jour après jour dans la presse, les frasques de Justin Bieber. Pauvre enfant. Qu’ont fait les adultes de lui ? Je pense aussi à Madonna postant sur les réseaux sociaux une photo de son fils de treize ans avec une bouteille d’alcool.

Les deux Pussy Riot libérées désavouées par leurs compagnes après être entrées dans le business en chantant avec Madonna. L’argent et le spectacle pourrissent tout. Je suis loin d’approuver les méthodes d’action de ces activistes, mais s’il est moralement légitime de lutter à l’intérieur de son pays pour plus de liberté, il est bien peu estimable d’attaquer son pays depuis les empires qui dominent le monde. Et quand, avec leur bonne mine et leurs joues rebondies, elles racontent au journal Le Monde « l’enfer » de la prison russe, elles donnent juste envie de les inviter à visiter les prisons françaises. Celles qui ont des murs de béton derrière lesquels la dignité humaine est chaque jour bafouée, et aussi les prisons invisibles, celles de la censure sophistiquée du monde moderne, moins visible que la censure à l’ancienne mais encore plus efficace.

J’ai marché avec joie sous la pluie aujourd’hui. Je suis allée chez le marchand de bois qui me fait le meilleur prix pour ses chutes, mais là il n’en avait pas. Comme je ne peux me permettre de dépenser davantage, je suis repartie en me demandant sur quoi j’allais peindre. J’ai pris un autre chemin pour rentrer, ainsi qu’il sied aussi au retour de la mosquée. Et Dieu a pourvu : j’ai trouvé dans la rue un lourd panneau de chêne massif, que j’ai chargé sur mon petit chariot. Le bois était bien mouillé par la pluie, j’attends qu’il finisse de sécher, et j’y vais. Cette nuit il va y avoir du vent, c’est bon.

alinareyes