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En lisant Jean Clottes, et les témoignages de chamanes ou d’autres personnes qui continuent aujourd’hui, un peu partout dans le monde, à pratiquer le chamanisme notamment sur les sites de peintures rupestres, préhistoriques ou contemporains, la mauvaise foi de ceux qui nient le lien entre art paléolithique et chamanisme éclate. J’ai longtemps pensé qu’elle était le fait de l’athéisme farouche d’une grande partie de la communauté scientifique, mais il m’apparaît aussi maintenant que cet athéisme est l’enfant du christianisme, de ce christianisme qui par pudibonderie rejeta et rejette, combattit et combat, tout ce qui est de l’ordre de la nature. Parce que le christianisme, ou du moins le catholicisme, en réduisant Dieu à l’homme, a complètement perdu de vue ce qu’est Dieu, et ce qu’est sa création. La nature est la création vivante de Dieu (un fait que les chamanes n’ignorent pas, au contraire, puisque selon eux tout est lié et interagissant, tout est rapport dans l’unique et fluide réel du Dieu créateur), et la nature est bien plus que ce que nous en voyons avec nos yeux de chair. En réduisant Dieu à l’homme, le christianisme, et sa conséquence l’athéisme, ont réduit le monde, l’ont enfermé dans des limites qu’il n’a pas. La nature est le réel, et le réel est le spirituel, le transcendant, l’éternellement vivant. Jésus apaisant la tempête, guérissant les malades, chassant les démons, communiquant avec les esprits des ancêtres Moïse et Élie, se transfigurant, passant librement du monde des vivants à celui des morts et en revenant, n’est-il pas le chamane total ? Dieu ne se réduit pas au monde de l’homme, au monde « humain, trop humain » comme dit Nietzsche. Dieu est le Seigneur des mondes, comme dit le Coran.