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Voici deux des petites histoires du fameux sage plein d’humour subtil de la tradition musulmane :
C’est en courant et sautant dans tous les sens qu’un jour de marché Nasreddine Hodja cria dans la foule « Dieu soit loué ! Dieu soit loué ! ».
Tantôt en faisant une accolade à l’un, tantôt en embrassant le front de l’autre, et de répéter incessamment « Dieu soit loué ! Dieu soit loué ! ».
Surpris par si peu de pudeur et de retenue de la part de Nasreddine dans sa joie, un commerçant lui demande :
– Eh ! Nasreddine ! Quelle est cette si bonne nouvelle pour toi ? Ne nous laisse pas assister à ta joie sans qu’on en sache la raison !
– La bonne nouvelle, répondit-il d’un air surpris par la question ? J’ai perdu mon âne ! Dieu soit loué !
– Comment ? Tu te réjouis de la perte de ton âne au lieu d’en être triste, continua interloqué un autre villageois ?
– Evidemment, rétorqua Nasreddine d’un air innocent ! Si j’avais été dessus je serais moi aussi perdu!
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Un jour au café, tous sont en train de se vanter de leurs exploits militaires. « Et toi ? », dit quelqu’un, en se tournant vers Nasreddine ?
« Moi ? Un jour, sur le champ de bataille, j’ai coupé la jambe d’un ennemi d’un seul coup d’épée. »
« Pourquoi pas sa tête, comme font les autres ? »
« C’était impossible : quelqu’un lui avait déjà coupé la tête. »
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Laissons l’âne nommé Pensée Unique se perdre sans nous, avec ses adeptes aux têtes coupées.
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