Après l’histoire de la fresque porno – représentant un gang bang, plusieurs hommes sur une femme – dans une salle d’internes, voici maintenant l’histoire des touchers vaginaux faits sur des patientes sous anesthésie générale. Sans leur permission, et qu’elles soient là pour une opération gynécologique ou autre. « Curieusement, pendant mes études, on m’a souvent proposé de faire des examens gynécologiques, mais jamais de faire un examen de la prostate… », dit Martin Winckler, très opposé à cette pratique apparemment courante, « dans le seul intérêt du médecin- qu’il soit “pédagogique” ou purement et simplement pervers ». Eh bien, il n’emploie certainement pas ces mots par hasard. À propos de pervers, j’ai été opérée il y a quelques semaines sous anesthésie générale, et je sais seulement ce que m’a dit l’anesthésiste à mon réveil, alors que j’étais encore incapable de répliquer ni de me souvenir de sa tête : qu’il y avait un risque de mourir pendant la phase de réveil. L’infirmière en était toute gênée, elle m’a dit son désaccord avec son comportement. C’était pure perversité de sa part, car je le précise pour ceux qui auraient à subir une anesthésie générale, les salles de réveil préviennent ce genre de risques, il n’y a pas à s’inquiéter.
Il y a deux ans, j’ai découvert sur internet qu’une petite compagnie de théâtre avait joué un spectacle adapté de mon roman Le Boucher. Je leur ai écrit gentiment pour leur demander de m’informer, s’ils comptaient le refaire. Ils m’ont répondu qu’en fait le spectacle n’était pas adapté de mon livre. Bien. Ce n’était pas correct de leur part, mais je n’ai pas voulu insister, ce n’est qu’une petite compagnie. Avant-hier, je découvre que le spectacle va de nouveau être joué à Paris, et qu’il est toujours annoncé, tant sur les sites de la compagnie, du théâtre, des journaux et des centrales de réservation, comme adapté de mon roman. Je leur écris de nouveau, ils me répondent encore une fois qu’il s’agit d’une erreur, que le spectacle n’est pas une adaptation de mon livre. Je leur fais alors remarquer que dans tous les cas, leur démarche est ambiguë et même malhonnête : soit le spectacle est adapté de mon livre, et ils doivent m’en prévenir (et je n’aurais pas donné mon accord pour un spectacle visiblement contraire à l’esprit de mon livre, d’après ce qu’ils en annoncent), soit il n’est pas adapté de mon livre et ils n’ont pas à annoncer qu’il l’est, sans doute pour faire davantage d’entrées – et avec une actrice coiffée comme je l’étais lors de la parution du livre – sans respecter mes droits, ni humains ni légaux.
J’évoquais dans la note précédente ceux qui confondent sexualité réelle et sexualité virtuelle. Il faudrait préciser : ceux qui abusent d’autrui en s’imaginant avoir son consentement, que ce soit parce que cet autrui est plongé dans une anesthésie ou parce qu’il est bien réveillé mais sans défense aussi, sur internet. C’est tellement plus confortable quand on est à l’abri et entre copains comme cochons. La veulerie de certains est sans fond.
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