On peut continuer à faire la guerre contre moi, je continuerai à ne faire la guerre à personne. Je ne rends pas coup sur coup, je ne tends pas non plus la joue, j’œuvre pour un monde autre que celui des faiseurs de guerre. J’œuvre pour la vérité, c’est tout. Je ne fais rien contre quiconque ni ne le ferais si j’en avais la possibilité, je n’interviens dans la vie de personne, je n’essaie pas d’espionner quiconque ni de saboter les relations, la vie professionnelle ou la vie personnelle de quiconque, je n’essaie pas d’exercer un chantage sur quiconque, je n’essaie pas de détruire la vie de famille ni la vie de quiconque, je n’essaie pas de me battre à cent armés dans des chars contre un à mains nues, je continue seulement d’avancer vers la vérité. Je dois écrire pour le faire, et je ne peux écrire que si je suis bienheureuse. C’est pourquoi je suis bienheureuse.
Ceux qui font la guerre en s’en prenant aux civils, quels qu’ils soient, où que ce soit et de quelque manière que ce soit, ne valent pas mieux les uns que les autres. Or y a-t-il une seule guerre, de nos jours, qui ne s’en prenne pas aux civils ? La guerre aujourd’hui n’est pas une guerre entre guerriers mais une guerre des armes contre les civils – que ces armes soient des bombes, des banques ou des logiciels espions. Une guerre de lâches. Une guerre de fonctionnaires dans l’âme, accomplissant les yeux bandés leur fonction de remplisseurs de trains pour le camp de la mort.
Nous autres, vivants, nous nous déplaçons avec notre tente dans le camp de la vie, clair, infini et joyeux.
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