Quand je travaillais dans une entreprise ostréicole, il y avait à côté de moi, à la chaîne, une jeune femme enceinte qui se vantait de baiser avec un chien, un berger allemand ; et une autre femme, alcoolique, dont le mari avait tué leur fils. J’ai demandé à pouvoir travailler avec les Roms, embauchées à la même tâche mais pas mélangées avec les autres. L’ambiance était beaucoup plus légère avec elles.
Là et ailleurs j’ai connu des milieux de misère, je sais ce qui peut s’y passer, la misère morale qui peut aussi s’y emparer des gens. Comme dans l’affaire d’Outreau, dont je suis le procès avec attention, jusqu’à la fin de cette semaine. Je sais aussi que cette misère morale peut être aussi présente, aussi grande, dans des milieux aisés. C’est d’ailleurs ce qui entretient les réseaux pédocriminels, la vente des vidéos à des milliers d’euros, voire la vente directe d’enfants. La misère morale fait se rejoindre tous les milieux.
La misère morale prend aussi d’autres formes que directement physiques ou sexuelles, elle est politique, elle fait l’obscénité de ce monde où les riches s’enrichissent sans cesse aux dépens de plus en plus de monde, où les puissants organisent leur domination, leur surveillance, leur terreur, leur propagande, aux dépens des peuples. La misère morale pousse sur le fumier des cœurs morts. Elle piétine les enfants et les victimes, comme la justice et les médias tout au long de cette affaire de viols et de meurtres d’enfants à Outreau.
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