Le chœur entame ce beau chant après qu’Antigone a, malgré l’interdiction de Créon, rendu les honneurs funéraires à son frère. La désapprobation finale fait référence à son geste, mais le chœur n’est que le chœur, et il n’est pas interdit d’estimer la situation autrement que lui.
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Strophe 1
Il y a bien des merveilles, mais
nulle n’est plus grande que l’homme !
Sous les vents, sous les pluies, il s’avance,
franchissant la mer couleur de plomb
qu’il traverse en chevauchant la houle.
Et la plus puissante des dieux, Terre,
l’impérissable, l’infatigable,
son soc la travaille, la retourne,
an après an, avec son cheval.
Antistrophe 1
Quant aux oiseaux au vol léger, l’homme
ingénieux dans ses panneaux tissés
les attire, les prend au filet,
comme aussi les espèces animales
sauvages et celles de la mer.
Il maîtrise par ses inventions
les bêtes qui vont par les montagnes
et il placera le joug sur le cou
du cheval à l’épaisse crinière
comme à l’inébranlable taureau.
Strophe 2
Il s’est appris la parole, la haute
pensée et l’art de diriger
la cité. Plein d’ingéniosité,
il s’est abrité du gel, des pluies
dans des lieux sinon inhabitables,
que rien n’entrave son avenir.
La seule chose qu’il ne peut fuir,
c’est Hadès ; mais quant aux maladies
qui désemparent, il a médité
des remèdes pour en réchapper.
Antistrophe 2
Savant et inventif en techniques
plus qu’il ne l’espère, il se conduit
tantôt mal, tantôt honnêtement.
Qui respecte les lois du pays
et la justice des dieux est grand
dans la cité ; mais qu’il soit banni,
celui qui, à force d’impudence,
se déshonore. Que je ne sois
ni de la maison ni de l’esprit
de celui qui se conduit ainsi !
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le texte entier, en grec et dans la traduction de Leconte de Lisle : ici