« Le poète voit le monde comme un départ »
« A priori plus libre que le peintre, le poète est censé créer des espaces mentaux »
« Mais qu’est-ce qu’une beauté qui ne coïncide pas avec les circonstances, les aléas, les catastrophes, les rencontres de hasard, la géographie, l' »accidentalité », comme dit Matta, du terrain de la vie ? Celle d’un mannequin, enfermé sans corps dans une vitrine. »
« En fait, rien, absolument rien, ne peut demeurer étranger à ce que les poètes vivent et écrivent. Ce sont des encyclopédistes ambulants. En cela, ils ne cherchent pas à devenir des « êtres exceptionnels », mais au contraire à se confondre avec l’immense anonymat des êtres vivants. »
« Telle que la pratique, parmi d’autres activités, l’art-maker, la poésie est aussi la révolte contre l’idolâtrie de l’oeuvre d’art, comme celle de la poésie elle-même. Il considère que les poèmes sont des moyens ne justifiant à l’avance aucune fin. »
« Un très grand nombre d’artistes – les artmakers qui, en Afrique, utilisent et transforment les objets de récupération, comme sait si poétiquement le faire, par exemple, Monique Le Houelleur, mais aussi partout ailleurs – sont en train de s’engager dans de nouveaux processus d’unification entre le réel, tout le corps du réel, et l’image.
Quelle « unification » ? Celle de l’art, du non-art et de l’anti-art. Conscient des limites inhérentes à tout art et des étranges, timides et inexplicables limitations auxquelles se condamnent le plus souvent les poètes et les artistes, l’artmaker se prépare toujours au pire, pare au plus pressé et crée à l’avance des passerelles, n’abandonne en aucun cas les parties créatrices en cours.
Il inaugure les temps qui viennent – c’est l’expression de Michel Guet – comme l' »âge du faire ». »
« Aujourd’hui, on peut se donner les moyens d’être non seulement conscient de sa conscience, mais conscient de son inconscience. Ce fut celle des hommes de ma génération que de céder, par ignorance et par idéalisme, à certaines propositions que Heidegger a formulées à propos de Hölderlin. (…) La prééminence accordée à l’irréel, le doute latent exprimé en de telles circonstances par Heidegger sur l’existence même du réel, me font l’effet d’une fuite, éhontée (…) L’art de camoufler en fausse objectivité l’absence, volontaire, de « je », cet art propre à tous les idéologues et à tous les scientistes(…) a grandement aidé Heidegger, frappé par son dieu du silence, à se dissimuler devant Paul Celan la réalité même de l’inconceptualisable : l’holocauste. »
« La révolution telle que je la conçois commence par la poésie vécue. »
aujourd’hui à Paris 5e, photos Alina Reyes
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