Ayant passé la soirée d’hier à me rappeler l’œuvre de David Lynch, depuis ma projection, vendredi, du pilote de Twin Peaks à mes élèves, projection où il a pris en moi toute sa dimension, et à écouter notamment Angelo Badalamenti expliquer comment fut écrite la musique de la série, me revient ce matin ce texte, l’un des poèmes de mon livre Voyage, sur la poésie :
Bien sûr que le poète broie du noir,
Cette pâte tirée de la brûlure
Des os, depuis la nuit des temps peinture
Pour hommes des cavernes du savoir.
Bien sûr que la lumière éclaire, appelle
À elle le poète, son bien-aimé
Qui la pénètre, la peint, lui promet
L’enfantement de l’autre, la vie belle
Du jour, conçu, venu dans les brisures
De leur lien. Broyée je fus, pauvre pain
Enfourné dans la nuit, le lendemain
Livré, brûlant, aux mystiques figures.
Engendrée par le verbe, moi la lumière
Sa mère, moi le poète son fils
Apparu dans l’aurore aux bras de lys,
Humble et royal dans sa naissance entière,
Bien sûr que je pleure de joie, voyant
Venir le temps où l’amour se révèle,
Où doucement la vérité s’épelle,
Et garantit de nous garder vivants.
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Alina Reyes, Voyage
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