Espé, lycée : entraves à la liberté

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La tutrice de l’Espé qui a initié une « procédure d’alerte » à mon encontre, c’est-à-dire qui m’a dénoncée fallacieusement à l’académie afin d’empêcher ma titularisation, nous dit un jour benoîtement en cours qu’elle pouvait être une vraie salope pour se venger de quelque chose qu’on lui avait dit. C’était peu après que j’avais protesté, toujours en cours, sur le fait qu’elle refusait par principe de parler de la vérité des textes, vérité qu’elle refusait de voir (je l’ai raconté ici au début de cette année scolaire). Comme elle n’est pas du genre à dire des gros mots en public, elle ne prononça pas salope mais dit « une vraie s… », l’air tout réjoui de sa perfidie.

Une autre fois, elle nous déclara qu’elle pouvait rien qu’en nous regardant savoir si nous étions de droite ou de gauche et se mit à nous désigner un.e par un.e en nous étiquetant « gauche » ou « droite ». Cela choqua mes jeunes collègues, qui comme d’habitude ne dirent rien car elle détient le pouvoir de nous sanctionner, et moi qui n’ai pas leur âge ni donc un même souci de l’avenir, cette fois je ne dis rien non plus, lasse de protester et préférant le faire exclusivement sur les aberrations entendues quant aux questions de littérature et d’enseignement de la littérature. Mais j’ai vu son intrusivité se renouveler plus d’une fois à mon égard. Un jour, elle m’écrivit qu’elle s’interrogeait sur mes motivations « à venir dans l’enseignement » et qu’elle me soupçonnait de m’y introduire pour en faire la satire.  De façon beaucoup plus sournoise, après avoir assisté à mon cours, elle me parla d’un air dégoûté d’un prétendu fatalisme d’une élève à côté de qui elle s’était assise. Cela sonnait très faux, et je me demandai si elle n’insinuait pas, parce que cette élève est noire et banlieusarde, qu’elle était musulmane, donc fataliste, selon un cliché éculé (d’autant que j’ai entendu à l’Espé d’autres remarques caricaturales sur les élèves musulmanes). Mais lorsque j’ai lu qu’elle faisait mention dans son rapport de mon « voile » (sur les yeux, selon elle), j’ai compris qu’en fait ces allusions islamophobes me visaient (tout un chacun peut voir sur ce site mon rapport à l’islam). Bref, contre mes questionnements sur l’enseignement de la littérature, elle a déployé des attaques personnelles, injurieuses, diffamatoires, mensongères – notamment par la partialité de son rapport, en partie inexact, très incomplet et très orienté, qui peut me valoir un licenciement.

En vérité, c’est ma liberté d’expression qui est sanctionnée. La même chose s’est produite dans mon lycée, où ceux des profs qui savent que j’écris ici ne m’adressent plus la parole, où le proviseur me regarde avec une mine de déterré, où la secrétaire, très charmante au début, me parle maintenant comme à un chien. Comble de l’ironie, ce lycée, abonné à Charlie Hebdo, se rêve en pointe dans la défense de la liberté d’expression. Les gens n’y ont pas des kalachnikovs, mais ils ont tout de même le pouvoir, en groupe, d’exclure, de chasser qui ne pense pas comme eux. Si je ne suis pas titularisée, ce sera une sanction contre ma liberté d’expression, rien d’autre.

Rappelons la loi :

La liberté d’expression est définie par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui dispose que « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Et l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) réaffirme la liberté d’expression en disposant que « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. »

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