J’ai relu l’ensemble de la traduction. Corrigé quelques vers du début du premier chant, remplacé « peuchère » par un autre mot, qui changera peut-être encore. Apporté une ou deux petites corrections ici ou là, surtout quelques coquilles en fait. Presque rien de changé au premier jet (en dehors des noms propres).
À voir ainsi le texte se dérouler en vers, et surtout à l’entendre, tendu, avançant, j’ai pensé au rouleau de Kerouac pour Sur la route – sauf qu’Homère est plus impeccable, plus implacable. Quel extraordinaire texte. Il se pourrait que je le mette en ligne quand le travail sera fini, si le monde de l’édition ne veut toujours pas me laisser publier librement – normalement. Il faudrait que je trouve une solution pour ne pas le mettre sur n’importe quel serveur. Ou bien je me servirai de nouveau d’Amazon, à tout petit prix. Nous verrons. Je n’ai pas besoin des éditeurs pour vivre, ni financièrement ni existentiellement. Et mon travail a tout son temps, bien plus que moi.
Pour l’instant, il me reste à rédiger la présentation, le commentaire. Je vais y passer encore quelques jours, je n’ai pas l’intention d’écrire des dizaines de pages – mais qui sait où cette affaire peut encore m’entraîner ? La merveille est que j’ai tout mon temps. Je me rappelle l’avoir dit à Zagdanski, quand il y a une vingtaine d’années nous avons fait un livre d’entretien : que j’aspirais au jour où j’aurais tout le temps de travailler. Je l’ai, maintenant que je n’ai plus les préoccupations de la jeunesse, les amours, les enfants, la nécessité de toujours trouver encore de quoi gagner sa vie, les amis, les sorties, etc. J’ai très bien vécu, pour tout cela je n’en demande pas plus. Et qu’il me reste encore quarante ans ou quarante jours à vivre, je remercie le ciel de m’avoir donné d’arriver jusque là, jusqu’à ce point qui me semblait désirable même dans mon enfance, par rapport à celui des adultes, parce que justement il pouvait avoir les avantages de l’enfance sans ses inconvénients, cet âge de la vie où il est possible de disposer à la fois du grand temps et de la grande liberté. Au service des vivant·e·s d’aujourd’hui et d’après.