Je parlais la dernière fois de la beauté intérieure du corps. Le Coran est à mes yeux le livre de la beauté intérieure de l’esprit. L’une et l’autre beauté, beautés cosmiques, formant la même terra incognita. J’ai juste abordé ses rivages, et ce que j’en ai vu, tel Dévor en son voyage, est déjà fabuleux.
Ce livre fait partie de mon ouvrage Une Chasse spirituelle, dans lequel, à mes lectures de littérature profane, j’ai ajouté mes lectures de textes sacrés (Bible, Coran). J’ai déjà publié dans ma petite bibliothèque gratuite ma traduction de larges passages de la Bible hébraïque, et j’aurais aimé faire l’équivalent pour le Coran, mais ayant moins étudié l’arabe, je n’en ai traduit que quelques versets. Ici il s’agit donc d’une exégèse personnelle du Noble Livre. Une lecture aussi libre que possible, c’est exactement ce dont le Coran a besoin – comme tous les autres textes religieux ou spirituels, mais la question est particulièrement sensible en ce moment pour le livre des musulmans : de regards libres. Comme je l’ai fait pour la Bible (à voir aussi dans Une Chasse spirituelle), ma lecture est libre mais non pas profane. Parce que j’estime qu’un texte de spiritualité ne peut être lu du même point de vue « humain, trop humain » qu’un roman ou un essai sans y perdre dangereusement son sens, ses sens – comme cela se produit constamment, tant de la part des contempteurs bornés de ce livre que de ceux qui s’en réclament, trop souvent par tradition, sans réelle réflexion, ou pour le pire. Rimbaud disait qu’il fallait se faire voyant. Je dirais qu’il faut aussi savoir se faire croyant, ce qui ne signifie ni devenir crédule ni remplacer la raison par la croyance, ni même croire quoi que ce soit, mais connaître, et pour cela adopter le point de vue de ce qui est plus grand que soi, pour pouvoir envisager les choses de la foi.
Le Coran est sans doute le livre le plus fascinant que j’aie jamais lu. La lecture que j’en ai faite, ou le début de lecture que j’en ai faite, n’est qu’une esquisse de ce qui pourrait y être découvert. Peut-être la reprendrai-je plus tard pour aller plus avant, ou peut-être d’autres poursuivront-ils dans cette voie particulière. Bien entendu la lecture du Coran a déjà inspiré d’immenses penseurs, notamment parmi les soufis, qu’il faut toujours lire. Humblement parmi eux, j’ai pour seul mérite ma sincérité, mon enthousiasme, mon étrangeté culturelle, et, toujours, ma liberté. Que le commencement de travail que j’ai fourni ici soit un commencement pour d’autres, que ce livre dont nous n’avons pas de lecture plus avancée que n’est avancé dans la vie un nouveau-né, puisse revenir à la lumière et à la paix, tel est mon simple vœu d’amoureuse des textes et de la vie.
Voici donc Ma lecture du Coran
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