portrait réalisé par Ben Heine
*
Marilyn Monroe. La vivante que les hommes voulurent capturer, et qui les captiva.
De toute son âme assoiffée, de tout son cœur d’enfant battant dans son corps de rêve, elle aima.
Son visage, sa chair buvaient littéralement la lumière.
Elle était éternelle, déjà. Les studios lui prirent son temps, pour en faire de l’argent.
Ils en eurent pour leur argent et au-delà. Toutes les puissances mauvaises, les mafias qui cancérisent le monde, tiennent l’industrie du spectacle et les hommes de pouvoir, les vampires qui se nourrissent du sang des vivants, la jetèrent, nue qu’elle était, nue qu’elle fut toujours, sur les chemins de ronces de leurs désirs malsains.
Pour sauver leurs apparences essayant de la prostituer aux peuples, qu’ils en fassent leur chose comme ils auraient aimé en faire la leur. Mais malgré les faiblesses du peuple, grâce à ses faiblesses aussi, l’esprit de l’amour reconnaît en son sein les apparitions de l’amour.
Contrairement à ceux qui la tuèrent, Marilyn n’est pas une apparence, mais une apparition. Elle a tout donné, elle donne tout d’elle, du plus humble, du plus misérable de l’humain en elle, au plus sublime.
Jetée aux enfers, loin de s’en trouver vaincue par la mort, elle y déclenchait un tremblement de terre et en ramenait la grâce, toujours plus de grâce, démultipliée pour nourrir des millions d’âmes dans des salles obscures.
Présentée en idole, casquée d’or, elle abat l’idolâtrie par la puissance de sa présence humaine, de son cœur de chair offert en toute libéralité.
Et maintenant elle réjouit les anges, ceux du ciel et encore nous autres, pauvres terriens qui voulons boire aussi la lumière et qu’elle transporte, un moment au moins, au ciel.
*
(petite introduction écrite sur la demande de l’éditrice stanbouliote de ma nouvelle Une nuit avec Marilyn en traduction turque)
*