Leçons de musique : Ravel et Aloysius Bertrand ; Homère (VII, 421-441, ma traduction)


Une magnifique leçon de musique et de poésie
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mes autres notes mentionnant Maurice Ravel : ici
et Aloysius Bertrand :

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et ces vers, traduits aujourd’hui, du chant VII de l’Iliade, chant que je suis ce soir en train de finir de traduire :
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Le soleil se projette tout juste sur les champs,
Sorti des flots calmes et profonds de l’Océan,
Montant dans le ciel ; et les voici face à face,
Ceux des deux camps, peinant à distinguer les cadavres.
Mais ils lavent le sang des blessures avec de l’eau,
Et versent de chaudes larmes en chargeant les chariots.
Le grand Priam n’autorise pas les lamentations ;
En silence ils empilent les morts sur le bûcher,
Le cœur affligé ; après les avoir brûlés, ils s’en vont
Vers la sainte Troie ; pour leur part, les Achéens bien guêtrés
Empilent leurs morts sur le bûcher, le cœur affligé,
Et après les avoir brûlés, vers leurs nefs creuses s’en vont.

Ce n’est pas l’aurore, mais l’aube encore à mi-ténèbre,
Quand autour du bûcher des Achéens choisis, réunis,
Versent sur son pourtour de la terre prise à la plaine,
Pour un tombeau commun, puis construisent devant lui
De hauts remparts, pour protéger les vaisseaux et eux-mêmes.
Ils pratiquent dans le mur des portes bien ajustées,
En sorte que les attelages puissent y passer ;
À l’extérieur, tout contre, ils creusent un long fossé,
Large et profond, dans lequel ils plantent des pieux.

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Madame Terre chez Maurice Ravel au Belvédère, à Montfort-l’Amaury

– « Écoute ! Écoute ! – C’est moi, Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les lozanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame chatelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.
« Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bati fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.
Aloysius Bertrand, Ondine (extrait, dans l’orthographe du poète) in Gaspard de la nuit
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en allant chez Ravel

mme terre allant chez ravel

mme terre au portail de ravel

mme terre au belvedere ravel

mme terre ravel

mme terre fenetre ravel

mme terre maison ravel

mme terre montfort l'amaury ravel

chez ravel

prise de terre chez ravel

mise de terre chez ravel

belvedere maison ravel

en revenant de chez ravel

de retour de chez ravel

champs en revenant de chez ravel

O a fait cette fois 110 kilomètres à vélo pour aller accomplir la vingtième action poélitique de Madame Terre chez Ravel, à sa maison Le Belvédère à Montfort-l’Amaury. Sur le chemin du retour il a photographié une inscription qu’il trouvait belle dans un square proche, à l’emplacement d’un ancien cimetière déplacé où cette tombe a été gardée ; et les champs paisibles.

Je me rappelle être allée écouter un jeune pianiste, Jean-Paul Gasparian, interpréter à merveille le Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand. En voici l’interprétation de Pogoleritch. Enchantement et paradis !

 

 

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les anges descendre du ciel mélodieusement

Joachim m’indiquant la sublime interprétation du sublime Gaspard de la Nuit de Ravel par Ivo Pogorelitch, j’ouvre le recueil d’Aloysius Bertrand et j’y trouve au hasard ces trois vers en prose, à trois endroits différents du livre.

 

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La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d’ébène qui argentait d’une pluie de vers luisans les collines, les prés et les bois.

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Deux juifs, s’étant arrêtés sous ma fenêtre, comptaient mystérieusement au bout de leurs doigts les heures trop lentes de la nuit.

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Et moi, pèlerin agenouillé à l’écart sous les orgues, il me semblait ouïr les anges descendre du ciel mélodieusement.

 

Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit