Principauté des bassesses

Dans une démocratie, tous les citoyens ont les mêmes devoirs et les mêmes droits. Tous doivent être traités avec égalité. Quand ce n’est plus le cas, quand seuls ceux qui agréent aux pouvoirs ont des droits, voire le droit de vivre, nous sommes déjà dans le fascisme. Marine Le Pen veut rétablir la peine de mort : ce n’est qu’une expression grossière de la peine de mort symbolique – la restriction arbitraire des droits – déjà appliquée aux citoyens qui ne sont pas ce que les pouvoirs voudraient qu’ils soient (même s’ils ne font rien de mal, contrairement à beaucoup de ceux qui sont aux pouvoirs ou en bénéficient). Après que j’ai publié Poupée, anale nationale, en mentionnant aux journalistes qui m’interrogeaient que mon texte avait été refusé par mes « grands » éditeurs habituels, Gallimard etc, des spécialistes associés des bassesses vengeresses ont fait courir le bruit que ce livre était fasciste, ont même pris la peine de mettre en place quelques coups tordus contre moi dans la presse – en fait, il y en avait déjà eu avant mais dans ma candeur je n’avais pas du tout imaginé d’où cela pouvait venir, je le compris beaucoup plus tard, quand l’affaire prit une tournure industrielle. Il faut pourtant bien que des hommes se dévouent pour servir la vérité. Je ne suis pas sûre de pouvoir trouver un éditeur pour La grande illusion, Figures de la fascisation en cours – l’état des libertés en France n’a fait qu’empirer depuis mon dernier livre d’avertissement contre le fascisme, mais du moins le livre existe en numérique, et s’il n’est lu maintenant, si les livres que j’écris depuis quelques années ne peuvent être lus faute de pouvoir être publiés, ils sont une parole vivante et qui servira, un jour ou l’autre. En attendant, ma propre résistance sert.

*

« Dropped »

Pourquoi les deux hélicoptères se sont-ils à ce point rapprochés ? Les passagers de l’un devaient-ils filmer les passagers de l’autre ? Sont-ils tous morts au nom de l’image, et de la falsification de la vérité ? Au nom de l’idole Audimat qui met en scène de prétendues épreuves de survie, alors que leurs acteurs sont entourés d’une équipe pour assurer leur sécurité ? N’importe qui vit une aventure plus vraie en partant se promener en mer ou en montagne, la météo n’étant jamais sûre et personne n’étant là pour le filmer ni pour lui venir en aide en cas de problème. La déformation de la réalité, l’injure au réel, tuent. « Tombés », en effet. Paix à leur âme.

*

La question de la falsification de la vérité ouvre mon livre La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

*

Journée de la femme, journée de l’indignité

Vous êtes noir, vous êtes juif, vous êtes arabe, vous êtes musulman… vous devez affronter les mauvais regards ou même les mauvais traitements, les discriminations et les difficultés à vivre dans un environnement raciste ? Sachez que les femmes endurent chaque jour depuis des millénaires des violences morales, symboliques et physiques encore bien plus courantes et souvent pires. D’ailleurs, qui oserait inventer une « Journée du noir », ou une « Journée du juif », etc ? Contre les femmes, les hommes ont leur force physique, et leur force sociale, que parmi eux les lâches, les frustrés et les imbéciles exercent semblablement, qu’il s’agisse de petits cons harceleurs de rue ou de petits cons harceleurs au travail, de tyrans domestiques ou de paternalistes politiques. Sans compter nombre d’intellectuels, d’artistes et bien sûr de religieux, pour lesquels la position de la femme se résume à la vision judéo-chrétienne de Marthe ou de Marie : soit préparer le repas du maître, soit écouter le discours du maître. Qu’une femme puisse être maître de sa parole, ou même un maître de la parole, leur est insupportable. Je dis maître et je pourrais dire maîtresse, je suis pour la féminisation des mots selon les fonctions, je suis pour « Madame LA ministre », pour que ne soit pas gommé le corps dans la fonction. Mais ici je dis : qu’une femme puisse être UN maître de la parole, non pas au sens sexué, mais au sens UNiversel : car si dans notre langue « le masculin l’emporte sur le féminin », il s’agit alors d’un genre tout à la fois masculin et féminin, le genre de l’être humain accompli, « ni homme ni femme » comme dit saint Paul – dans une parole trahie par toutes les églises -, mais être humain tout entier. Un être humain qui dépasse les hommes comme les femmes dans leur masculinité ou leur féminité – ce pourquoi ils veulent pouvoir se rendre maîtres de sa parole, afin de ne pas s’en trouver dépassés. Or nous sommes, hommes et femmes, quoique nous fassions, dépassés par la parole libre et vraie, et tout combat contre elle est un combat contre l’humanité, tandis que tout combat pour elle, ou toute acceptation d’elle, est un salut pour l’humanité.

*

et en ces jours d’avant élections, une vérité à voir : La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

*

Cette France aryenne qui fait le lit du Front National

Le nazisme français est comme le diable, sa ruse est de faire croire qu’il n’existe pas, ou qu’il est l’adversaire de ce qu’il est. Vaudrait-il mieux qualifier les chantres de l’aryanisme ordinaire de nazillons ? Quoiqu’il en soit, ce qui caractérise, parmi les fascismes, le nazisme, c’est son racisme obsessionnel. Ce racisme qu’on voit à l’œuvre aujourd’hui un peu partout en France, comme pensée dominante si écrasante qu’il devient presque impossible de la contester. Un jour c’est le président du CRIF, Roger Cuckierman, qui déclare que tous les actes de violence sont commis par des musulmans, et que Marine Le Pen est « irréprochable ». Qu’il soit un représentant des juifs de France ne l’empêche pas d’être l’allié politique objectif du Front National, parti qui n’a pas plus de respect pour les juifs que pour les musulmans mais qui a rallié le camp sioniste par opportunisme politique. La féministe Élisabeth Badinter, présente ces jours-ci dans Marianne et dans Marie-Claire, dans sa phobie obsessionnelle du voile ne rendit-elle pas hommage elle aussi à Marine Le Pen en disant qu’elle était la seule à défendre la laïcité ? Il est vrai qu’elle a les yeux aussi bleus que ceux de Jean d’Ormesson, qui est pour le magazine Elle du 16 janvier dernier « un monument national de francité, yeux bleus et suavité gauloise » – un peu comme les jeunes ukrainiennes néonazies que le même magazine soutient. Car selon Elle, « il aura fallu que nous nous disions tous « Charlie », « juifs », « policiers » pour nous sentir français. » On l’aura compris, le bon Français, le Français « policier », ne se sent « juif » que s’il s’agit des bons juifs, ceux qui sont capables de rendre hommage à l’aryenne Marine Le Pen, pas des juifs qui luttent contre le racisme et contre la colonisation israélienne. Le féminisme aussi doit être aryen : celui de Mme Badinter, pas celui de Rokhaya Diallo ni de Christine Delphy, brutalement censurées par la maire socialiste du 20e arrondissement de Paris. La première à avoir été empêchée de parler par cette maire et amie du féministe DSK fut Rokhaya Diallo, dont le caractère non aryen est sans doute par trop visible, puis vint le tour de Christine Delphy, quand il apparut qu’elle n’était pas non plus porteuse d’idées suffisamment blanches. Mais le fascisme a-t-il jamais été connu pour son respect de la liberté d’expression ? Dans le même numéro de Elle, magazine des femmes libérées de rien et enchaînées à un tas de conneries, l’éditorialiste évoquait la rencontre télévisée de Jean d’Ormesson, « monument de la francité » donc, avec Abd al Malik, qui lui était qualifié, non pas de français bien qu’il soit né dans le 14e arrondissement de Paris, mais de « noir et musulman ». En vérité je vous le dis, de ces deux Français, l’un est vieux et fini, comme la France qu’il représente prétendument.

*

Rappel : La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

*

Le sexisme des « élites »

kirikou

*

«Plus le milieu est aisé, plus la hiérarchie est forte, plus le sexisme est grand.(…) En France, on (…) fonctionne en pensant que ses membres sont une élite, qu’ils sont insoupçonnables (« Ils ne feraient jamais ça! ») et que s’ils commettent des fautes, ils ont sûrement de bonnes raisons », analyse Martin Winckler dans cet article de Slate sur « Comment le sexisme s’est solidement ancré dans la médecine française ».

L’analyse de Winckler vaut également pour les autres « milieux aisés », les autres « élites ». Plus une existence tient sur la domination et en dépend, plus il lui faut sans cesse reconsolider ses fortifications et les hérisser de tessons pour masquer sa fragilité, son mensonge, son illégitimité ontologique.

Les femmes médecins, internes, externes des hôpitaux, subissent un sexisme massif et quotidien, écrit Aude Lorriaux dans ce même article, où se trouve aussi cette image très forte, emblématique du sexisme de toute notre société :

Une tradition, véritable rituel d’initiation des étudiants en médecine qui dissèquent pour la première fois, est révélatrice d’un sexisme très fortement ancré dans la profession au XIXe. La «photo de groupe» de ces jeunes qui découvrent le métier s’effectue alors devant un cadavre, mais pas n’importe quel cadavre. Il s’agit le plus souvent d’un cadavre de femme, ou d’une prostituée à qui on demande de faire la morte. Cette scène est d’ailleurs devenu un «classique» de la photographie pornographique, selon Vincent Barras. Pour conjurer la mort, c’est la femme qu’on tue, ou qu’on domine, comme une démonstration de la puissance de vie masculine.

Le problème du sexisme se pose aussi de façon aiguë dans le milieu de la magistrature, où l’USM a publié récemment un livre blanc intitulé « État des lieux, état d’alerte ». Le syndicat de magistrats insiste sur le « management inadapté » de juridictions. Des chefs de cours ou de tribunaux ont un comportement qui peut aller jusqu’au « manque de considération », au « mépris affiché », aux « humiliations infligées en public », aux « insultes, propos sexistes, abus d’autorité, paroles et décisions brutales », voire à « un véritable harcèlement », lit-on dans cet article de l’Express.

En politique, les ravages du sexisme ont inspiré à Sandrine Rousseau un « Manuel de survie ». « Aujourd’hui, le monde politique est dominé par des hommes blancs de plus de 50 ans, alors qu’ils représentent 15 % de la population française.Il y a un problème avec la représentativité des femmes mais aussi des minorités visibles. Un des gros problèmes de notre démocratie c’est que les citoyens ne se retrouvent plus dans cette classe politique très uniforme. », note-t-elle dans un entretien avec Les Inrocks.

« En effet, quand on arrive, il y a un effet fraîcheur, on nous dit qu’on renouvelle la politique, qu’on amène quelque chose de nouveau. Puis quand on commence à s’apercevoir que vous êtes une femme de pouvoir et d’action et que vous n’allez pas forcément dans le sens attendu, quelque chose d’assez violent se met en place contre vous », témoigne-t-elle aussi. Par ailleurs, « les médias ne présentent souvent pas les femmes comme des personnes capables de gérer les affaires publiques ».

Sexisme et racismes sont frères. Si le sexisme outrancier des religieux de toutes religions est bien connu, celui des intellectuels passe souvent inaperçu, étant plus sournois et mieux caché. J’ai entendu récemment un écrivain prendre la défense d’un philosophe connu pour son antisémitisme en faisant référence à « l’ensorcellement » du monde – opération, bien entendu, de sorcières. Kirikou, quand deviendras-tu grand ?

*

Libye, Irak… Qatar, Arabie Saoudite… France, États-Unis…


Confusion et duplicité, et tant de prétendus ennemis sous la même bannière, celle du fric… Celui du Qatar par exemple, sous lequel s’enrôlent aussi bien le PSG, Tariq Ramadan et ses suiveurs, BHL et ses amis, les islamistes… Et bien d’autres « vertueux » qui font mine de se combattre alors qu’ils font leurs affaires au-dessus de la tête des peuples et à leurs dépens… Comme l’État français, comme les États-Unis, les uns et les autres avec leur politique monstrueuse, insensée, stupide.