Cette France aryenne qui fait le lit du Front National

Le nazisme français est comme le diable, sa ruse est de faire croire qu’il n’existe pas, ou qu’il est l’adversaire de ce qu’il est. Vaudrait-il mieux qualifier les chantres de l’aryanisme ordinaire de nazillons ? Quoiqu’il en soit, ce qui caractérise, parmi les fascismes, le nazisme, c’est son racisme obsessionnel. Ce racisme qu’on voit à l’œuvre aujourd’hui un peu partout en France, comme pensée dominante si écrasante qu’il devient presque impossible de la contester. Un jour c’est le président du CRIF, Roger Cuckierman, qui déclare que tous les actes de violence sont commis par des musulmans, et que Marine Le Pen est « irréprochable ». Qu’il soit un représentant des juifs de France ne l’empêche pas d’être l’allié politique objectif du Front National, parti qui n’a pas plus de respect pour les juifs que pour les musulmans mais qui a rallié le camp sioniste par opportunisme politique. La féministe Élisabeth Badinter, présente ces jours-ci dans Marianne et dans Marie-Claire, dans sa phobie obsessionnelle du voile ne rendit-elle pas hommage elle aussi à Marine Le Pen en disant qu’elle était la seule à défendre la laïcité ? Il est vrai qu’elle a les yeux aussi bleus que ceux de Jean d’Ormesson, qui est pour le magazine Elle du 16 janvier dernier « un monument national de francité, yeux bleus et suavité gauloise » – un peu comme les jeunes ukrainiennes néonazies que le même magazine soutient. Car selon Elle, « il aura fallu que nous nous disions tous « Charlie », « juifs », « policiers » pour nous sentir français. » On l’aura compris, le bon Français, le Français « policier », ne se sent « juif » que s’il s’agit des bons juifs, ceux qui sont capables de rendre hommage à l’aryenne Marine Le Pen, pas des juifs qui luttent contre le racisme et contre la colonisation israélienne. Le féminisme aussi doit être aryen : celui de Mme Badinter, pas celui de Rokhaya Diallo ni de Christine Delphy, brutalement censurées par la maire socialiste du 20e arrondissement de Paris. La première à avoir été empêchée de parler par cette maire et amie du féministe DSK fut Rokhaya Diallo, dont le caractère non aryen est sans doute par trop visible, puis vint le tour de Christine Delphy, quand il apparut qu’elle n’était pas non plus porteuse d’idées suffisamment blanches. Mais le fascisme a-t-il jamais été connu pour son respect de la liberté d’expression ? Dans le même numéro de Elle, magazine des femmes libérées de rien et enchaînées à un tas de conneries, l’éditorialiste évoquait la rencontre télévisée de Jean d’Ormesson, « monument de la francité » donc, avec Abd al Malik, qui lui était qualifié, non pas de français bien qu’il soit né dans le 14e arrondissement de Paris, mais de « noir et musulman ». En vérité je vous le dis, de ces deux Français, l’un est vieux et fini, comme la France qu’il représente prétendument.

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Rappel : La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

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