remettre la mort à sa place, photos Alina Reyes
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remettre la mort à sa place, photos Alina Reyes
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cet après-midi à Paris, photos Alina Reyes
ajouter : les cris des martinets
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Je les trouve très beaux, avec leur peuple de cheminées indifférent au peuple d’humains, en bas. Je me suis assise là dehors en haut de la butte pour manger mon sandwich, et je les ai contemplés et photographiés, malgré l’encore épaisse brume de pollution. Je fais une autre note avec mes autres photos du jour à Montmartre.
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Depuis la terrasse du 9e étage de l’Institut du monde arabe (cf « magique exposition », note précédente) j’ai pris ces quelques images de la Défense, de Notre-Dame et des quais dans la lumière et les couleurs de l’automne et du début du couchant
photos Alina Reyes
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À neuf heures du matin j’ai monté la longue pente à vélo le plus vite possible, à treize heures entre deux séances de cours j’ai déjeuné d’un pain (au chocolat) (oui, je fais dans le luxe) et d’eau du robinet du jardin au Luxembourg, et à quatorze heures en retournant à la fac, j’ai vu ce tigre blanc couronné dans une vitrine. Puis dans la cour de la Sorbonne, avant de retourner dans l’amphi Descartes jusqu’à dix-huit heures, j’ai vu mon ombre et mon reflet, et je les ai photographiés aussi.
aujourd’hui à Paris, photos Alina Reyes
mairie du 13e, cette fin de semaine
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Nos enfants, jeunes adultes, circulaient dans Paris ce soir-là. L’un d’eux nous a appelés pour nous dire qu’une fusillade venait d’avoir lieu dans la rue où il passait. On ne savait pas encore de quoi il s’agissait. Ensuite il est resté enfermé toute la nuit, entassé avec ses amis dans le petit appart où ils s’étaient retrouvés pour une fête, tout près, évitant de ressortir et suivant les informations dans l’angoisse, comme nous, comme tout le monde.
Je me rappelle et je pense aux 52 Pakistanais tués par Daech hier dans un sanctuaire soufi. Je me rappelle la laideur de la guerre. Je me rappelle qu’après ce genre de choses, qui peuvent arriver aussi sous d’autres formes dans la vie privée, pour ne pas sombrer ni dans la dépression ni dans la haine ni dans le syndrome de Stockholm, il faut se rappeler. Sans panique ni fuite, en calmant ces moments où le passé cherche à tuer présent et avenir, à tuer soi ou autrui. En s’exerçant patiemment et sans relâche à toutes les armes qui peuvent combattre le mal : la raison, l’amour des proches, le respect d’autrui et de soi-même, le désir de justice, le refus d’accepter l’inacceptable, la détermination à continuer dans la juste voie, celle qui ne nous vole pas notre être. Se rappeler soi-même, quand on a été chassé de soi par la violence, la manipulation, le crime.
Se rappeler soi-même et rappeler le monde avec soi.
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place de la Sorbonne, Auguste Comte lunetté à l’épaule « Le chant des muses éveille l’âme humaine », en face de la grande belle salle Jacqueline de Romilly de la bibliothèque, visiblement pas assez grande cependant pour contenir tous les étudiants qui veulent y travailler… il n’y avait plus une place ! Alors je me suis un peu promenée dans les couloirs, avant de rejoindre un séminaire en amphi autour d’un nouvel ouvrage qui paraît du plus haut intérêt : La Vie intellectuelle en France
cela c’était hier, jour de pluie, et aujourd’hui, jour ensoleillé, je suis retournée à la Sorbonne pour une journée d’étude sur Les âmes fortes de Giono, et j’ai déjeuné d’un panini entre deux cours au jardin du Luxembourg
photos Alina Reyes
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