Rappel :
affaires des cardinaux Barbarin et George Pell
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photo Alina Reyes
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Être libre en se laissant conduire par un esclave ? Ça va pas, la tête ?
Socrate, in Platon, le Lysis (ma libre traduction)
Pourquoi, quand je tentai d’être catholique, aurais-je dû me soumettre à des prélats moins libres et moins instruits que moi ?
En contradiction totale avec l’enseignement de Jésus, qui a demandé qu’on n’appelle personne père sur cette terre, c’est-à-dire qu’on ne se soumette à aucune autorité spirituelle humaine, l’Église a régné jusqu’ici par la domination, établie à coups de bûchers, d’inquisitions, de croisades, d’évangélisations forcées, de persécutions et meurtres de masse, de déculturations brutales, de négation des femmes, de vols, exploitations et viols d’enfants, de jeunes et de pauvres, d’accointances et de complicité avec les pires régimes d’oppression, de combat contre les tentatives politiques de libération de l’homme et de la femme. Elle s’est abritée derrière un discours d’amour pour commettre turpitudes et iniquités, et derrière une prétention de médiatrice de Dieu pour régner sur les âmes et les esprits.
La pédocriminalité affecte tous les milieux mais dans l’Église, malgré le peu de dénonciations dû justement à son système de domination et d’intimidation, c’est une tradition séculaire qui conforte son autorité sur les êtres et son déni de la commune loi humaine et sociale. Tradition qui comprend aussi une acceptation ou même une promotion de la maltraitance envers les enfants : sans revenir aux histoires, dont certaines encore très récentes, de vols ou d’exploitations d’enfants, n’oublions pas que le chœur dirigé par le frère de Benoît XVI a dû faire face à des révélations de maltraitances physiques et sexuelles des enfants, et que l’année dernière en audience publique, retransmise sur les télévisions du monde entier, le pape François déclarait qu’il trouvait « beau » qu’un père batte ses enfants.
L’Église, édifice fortement hiérarchisé et système d’apartheid (envers les femmes, les homosexuels, les divorcés remariés), est en train de s’écrouler comme la tour de Babel, précisément à cause de sa hiérarchie, qui est un orgueil de hauteur, et de son apartheid, qui est un grave défaut de construction. Elle est déjà une ruine, le vent s’engouffre entre ses pierres manquantes ou tombées, ce qui s’y fait dans l’ombre commence à apparaître au jour.
Dans un monde où les femmes sont aussi instruites que les hommes et ont les mêmes droits civiques, où tous les humains peu à peu gagnent accès à l’instruction et aux droits civiques, où les droits des enfants sont revendiqués, l’Église n’a plus lieu d’être, perd chaque jour un peu plus son lieu d’être. Tout y est à laisser tomber, et à réinventer, ailleurs. Retour à la belle vie des tentes pour les survivants !
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Qu’avons-nous vu pendant ce procès « Outreau 3 » ? Tous les acquittés et condamnés auditionnés « interdits de parler » sauf pour dire « j’ai menti quand j’ai avoué et quand j’ai dénoncé l’accusé, rien ne s’est passé, personne n’était là, l’accusé est innocent, j’ai rien d’autre à dire » – et leur parole reçue par la presse comme parole d’évangile.
Le procès est passé, mais la nécessité de continuer à occulter la vérité, pour que ne s’écroulent pas les conclusions des trois procès, n’a pas fini de poser problème.
La justice a-t-elle été rendue ? Non. La justice sera rendue quand toute la vérité sera faite. Des enfants morts ou suppliciés demandent justice.
Il y a une composante sexiste dans le traitement de l’affaire d’Outreau, avec une Badaoui plus honnie que son monstre de mari. Mais aussi, secrètement, une composante raciste. Pourquoi Thierry Delay, avant de commencer à violer le fils de sa femme, l’humilia-t-il constamment d’insultes racistes et changea-t-il son prénom, Chérif, en Kevin ? Là est la source de toute l’affaire. C’est cette haine raciste qui a justifié le viol de l’enfant, et c’est à partir de ce passage à l’acte que le processus morbide et criminel s’est étendu comme une lèpre, que l’abjection s’est étendue aux voisins, aux amis et amis d’amis, et aux dépens d’autres enfants, jusqu’au meurtre. Pourquoi l’abbé Wiel, principal accusé après les deux premiers couples de parents, entonna-t-il la Marseillaise, quand il fut confondu par Myriam Badaoui ? Pourquoi s’étonna-t-il, une fois en prison, que l’administration pénitentiaire respecte les interdits alimentaires des musulmans ?
Si les enfants Delay étaient blonds, et si Daniel Legrand et les autres acquittés étaient d’origine maghrébine, soutiendrait-on ces derniers de la même façon ? Si tous les acquittés étaient africains et si les enfants Delay étaient aryens, justice et médias traiteraient-ils l’affaire d’Outreau de la même façon ? Si tous les acquittés étaient immigrés, et les enfants Delay bourgeois, justice et médias traiteraient-ils l’affaire d’Outreau de la même façon ? Si des blondinets des beaux quartiers avaient été violés pendant des années par des miséreux basanés, la justice et les médias se seraient-ils acharnés à dire que les enfants avaient rêvé, et à présenter les accusés comme des victimes ?
Tous les enfants de France ont-ils la même valeur aux yeux de la justice et des médias ? Y a-t-il en France des enfants qu’on pousse à se taire quand ils sont victimes ? Y a t-il des notables qu’on protège ?
Y a-t-il en France des journalistes moralement corrompus, défenseurs de l’ordre des notables au prix de la négation du supplice des enfants ? Y a-t-il en France des médias vendus aux industriels qui les possèdent et à l’argent public, qui font présidents et décisions de justice ? Y a-t-il en France une complicité entre les médias et les politiques, les médias et la justice ? Y a-t-il atteinte à la démocratie ?
Y a-t-il en France des pédophiles et pédocriminels délibérément impunis ? Y a-t-il exploitation du tabou de l’inceste et de la pédophilie pour endormir les consciences ? Y a-t-il en France une acceptation tacite des viols d’enfants ? Y a-t-il des silences qui s’achètent ? Y a-t-il lâcheté des adultes ?
Y a-t-il en France des connivences entre les institutions catholiques et les pouvoirs médiatiques et judiciaires contre l’intérêt des enfants ? Y a-t-il une culture catholique qui convainc les victimes de viol, directement ou sournoisement, qu’elles ont péché, et qu’il leur faut déposer ce « poids », l’oublier, renoncer à dénoncer les coupables, transformés eux aussi en victimes ? Y a-t-il manipulation des « âmes », inversion et confusion du bien et du mal en vue d’anesthésier le sens du combat ? Y a-t-il en France une clique de hyènes religieuses, à l’affût des assassins et des souffrants pour les faire taire et les amener à elle, un autre enfermement, et neutraliser leur légitime désir de justice ?
Y a-t-il en France un intérêt politique à maintenir une partie de la population en situation de réserve, de chair à canon et à prostitution, et prétexte à tous abus, surveillance et oppression, sur l’ensemble des citoyens ? Y a-t-il en France mépris de la « populace » par nos « élites » vulgaires, et licence de violer les droits de l’homme au nom de ce mépris ? Y a-t-il en France des « élites » convaincues que le bon droit et la règle de vie consistent à trahir, déformer, occulter la vérité ? Y a-t-il en France, dans les sphères dominantes, banalité de l’infamie ? Manipulation méthodique et quotidienne du réel, du vrai ? Y a-t-il en France, parmi les « élites », prostitution générale des esprits ? Des morts-vivants effrayés par la lumière du jour ?
Maintenant, la presse et la justice devront répondre de ce qu’il adviendra après ce verdict.
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Avant-hier : l’évocation du meurtre de la petite fille par Dimitri Delay
Le meurtre de cet enfant a été décrit par Daniel Legrand et par Myriam Badaoui. Lundi à la barre, la parole très ferme de Dimitri Delay, confirmant ses accusations contre Daniel Legrand, a été un grand moment de vérité. Et à l’intérieur de ce moment, celui où il a évoqué cette petite fille qui était là, avec laquelle ses frères et lui jouaient à la cabane dans une pièce, puis que les adultes appelèrent. Puis les cris de l’enfant, et ceux de Thierry Delay, décrit par Legrand et Badaoui comme l’ayant sauvagement assassinée parce qu’il ne supportait pas ses hurlements d’enfant violée par un vieux auquel elle était livrée. Un assassinat malheureusement vraisemblable, ils ne sont pas rares dans ce genre d’affaires. Dimitri a aussi évoqué un bébé mis dans un sac. Mais l’enquête et la presse occultent complètement ces faits, déclarés imaginaires.
Hier : l’évocation du corps de Chérif Delay enfant par l’abbé Wiel
L’abbé, acquitté après avoir été, des acquittés, le plus lourdement condamné, a parlé hier du « corps » de l’enfant au tribunal, qu’il observait. Ce même abbé, depuis 2005, s’est répandu dans tous les médias, dans toute la France et dans un livre, en prétendant que les enfants Delay, ses voisins de palier, avaient menti, qu’ils n’avaient jamais été violés, même par leurs parents. En contradiction avec la vérité judiciaire, avec les aveux mêmes des parents, et les preuves physiques des violences et viols qu’ils ont subis. Pourquoi nie-t-il ainsi ? Dix ans plus tard, il déclare comme les autres n’avoir rien à dire de plus, qu’il ne s’est rien passé – mais son inconscient produit ce moment de vérité où il évoque le corps contemplé de l’enfant.
Aujourd’hui : l’expertise qui consolide la validité des aveux de Daniel Legrand
L’expert qui a analysé l’accusé, Daniel Legrand, en 2002, a affirmé ce matin qu’il n’avait « aucune tendance à l’affabulation ». Son caractère très visiblement peu cérébral laisse penser qu’il n’en a pas la capacité, ajouterais-je. Quoiqu’il en soit, cette absence totale de disposition à l’affabulation ne signifie-t-elle pas que les aveux qu’il produisit, par trois fois, avec des détails très réalistes sur les faits, n’ont pas été, comme il l’a prétendu par la suite, inventés ? D’autant que ces aveux se sont avérés recouper d’autres déclarations d’enfants et d’adultes.
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Qu’est-ce qu’un monde qui ferme les yeux sur le supplice d’enfants et cherche en chœur à disculper leurs bourreaux, ou un homme comme Daniel Legrand qui a pourtant produit des aveux circonstanciés et continue d’être accusé par des enfants aujourd’hui devenus adultes ? L’œil est dans la tombe de ce monde, l’œil de la petite morte, des petits morts et suppliciés à qui il refuse de rendre justice. Au-dessus de cette décharge publique de mensonges, la vérité se fait jour dans la roche, rien ne l’arrêtera, rien jamais ne peut arrêter la vérité, et à son heure, elle surgira en torrent et noiera l’infamie.
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