Angot & co, la possibilité du déshonneur. Et pour l’honneur, du Street Art

 

Les vendu·e·s volontaires estiment qu’il n’est pas bien terrible d’être vendu. Telle Christine Angot vendant son anticharme à la télé : selon elle, les Noirs déportés et esclavagisés étaient bien nourris (comme elle est bien payée) donc leur esclavage (comme sa servitude) valait bien mieux que d’être menacé de mort. Outre l’ignominie de ce négationnisme, son ignorance crasse des réalités historiques et la bêtise de sa comparaison entre Shoah et esclavage, ses propos révèlent bien le fond de non-pensée de tous ces polichinelles achetés par le système : mieux vaut, pour eux, se vendre qu’être mort médiatiquement.

Angot au départ avait la possibilité d’une œuvre comme Houellebecq eut la possibilité d’une vie. Ils ont préféré bouffer à la gamelle, télé, légion d’honneur et autres colifichets qui leur mangent l’intelligence jusqu’au trognon. La servitude volontaire n’est pas le fait du peuple mais celui des courtisans et des princes de ce monde, tout et tous inféodés à sa gueule puante.

Allez, quelques œuvres de Street Art parmi celles que je n’avais pas encore photographiées dans le treizième arrondissement, pour se nettoyer du spectacle de la misère.

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street art 1-minJ’adore quand le Street Art se balade, sur camion ou sur métro et autres trains

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street art 2-minÇa dit quoi ? Ben, c’est comme avec les animaux, faut le sentir

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street art 3-minune fresque de Jorge Rodriguez-Gerada et des Parisiens en mouvement

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street art 4-minInvader ? Et la lumière est

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street art 5-minMon reflet dans une porte vitrée, une œuvre de Street Art encore plus éphémère que les autres

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street art 6-minla Joconde d’Okuda

à Paris 13e ces jours-ci, photos Alina Reyes

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Bornes & camions peints & autres merveilles vues dans la rue

autour de la rue nationale 1-minJe suis partie dans l’intention d’aller voir les œuvres d’Agnès Sébyleau à l’Open Bach, mais ce sont celles de Queens S&C que j’ai découvertes, un peu plus loin. Quand je suis arrivée à la galerie, au mur orné d’une œuvre de Mat & Ségo, Agnès Sébyleau finissait de remballer son expo. Nous avons parlé un peu, puis, sous la pluie, j’ai poussé plus loin la balade.

autour de la rue nationale 2-minJ’ai rencontré en chemin plusieurs camions peints, les voici

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Et des bornes électriques peintes, les voilà :

autour de la rue nationale 8-minAutour de la place Jeanne d’Arc, les bornes sont peintes par Queens S&C, Christelle Abou Jawdeh et Sedef Sezginer, étudiantes en art de la Sorbonne, autour d’Alice in Wonderlandautour de la rue nationale 9-min

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Bonus : toujours dans le même quartier, autour de la rue Nationale, cette fresque énigmatique d’Obey, avec au sommet une statue de la Liberté à moitié coulée et une tour Eiffel à la base :

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… une ville peinte au coin de la place :

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et cette statue dans un jardin privé :

autour de la rue nationale 4-minHier après-midi à Paris, photos Alina Reyes

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« Hello Clito » et vie de château

 

Je n’ai pas la télévision, je n’ai pas de smartphone, j’ai laissé tomber toute activité sur les réseaux sociaux et sur les forums, je n’écris plus publiquement qu’ici. C’est la vie royale : des cahiers, du travail en bibliothèque ou au café, de la marche à pied, du vélo, du yoga, de temps en temps du très bon temps avec mon amoureux, et tout le temps le plein de bonheur à la maison. Ô saisons, ô châteaux, gloire à mon seul désir, qui m’a gardée intacte, vierge des vieux compromis, tout à la fois vieillesse savante et jeunesse puissante, souveraine.

 

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hello 4-minAujourd’hui à Paris 5e, photos Alina Reyes

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Trois belles œuvres de street art et café du jour

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Aujourd’hui, les bibliothèques étant fermées, je suis allée travailler dans un café de la rue Monge. Comme c’était jour férié, il n’y avait pas grand monde, je me suis installée au fond et j’y ai passé quelques heures tranquilles, à regarder de temps en temps la pluie derrière la baie vitrée. J’avais d’abord choisi et acheté un cahier pour reprendre mon journal intime, après deux ou trois décennies d’interruption. Une manière d’ajouter encore une dimension aux dimensions de ma vie. J’ai écrit dans le cahier, puis j’ai ouvert mon ordi.

Dans un livre il y a déjà longtemps j’avais écrit : « je veux des choses concrètes, anciennes et humaines (…). Je veux de l’amour. » J’avais tout cela que je voulais, et aujourd’hui je l’ai encore, rafraîchi, renouvelé, revivifié, revigoré, comme nouveau-né. Car tout cela est à qui le veut.

Voici trois œuvres nouvelles que j’ai trouvées samedi en marchant dans le 13e.

 

paris 13e 1-minUne fresque des jumeaux How & Nosm, 167 boulevard Vincent Auriol

paris 13e 2-minUn peu plus loin sur le boulevard (je ne déchiffre pas le nom des artistes, mais je le trouverai peut-être)

paris 13e 3-minAu centre, entre l’ancien dessin « Nina fait des bulles » de C215 et un cœur de One Love, une œuvre de Meton Joffily

à Paris, photos Alina Reyes

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Jungle et urbanité

Je suis en train d’installer une micro-jungle dans notre chambre-bureaux-salon. Pour cela je suis allée aujourd’hui chercher des plantes tropicales chez Truffaut, quai de la Gare, dans l’est du 13e arrondissement – en allant vers Bercy et la Bibliothèque nationale, un quartier neuf dont j’aime beaucoup l’esprit urbain. Bien sûr j’en ai profité pour me balader et faire quelques photos au passage.

 

paris 13e 1-minJ’ai d’abord jeté un œil sur l’expo dans la gare d’Austerlitz en coopération avec le Museum

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paris 13e 2-minAu bout, l’horloge de la gare de Lyon

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paris 13e 3-minDes tags en chemin

paris 13e 4-minAvec un trop mimi détail, en bas à droite :

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paris 13e 6-minJ’aime bien cet immeuble

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paris 13e 7-minPont de Bercy, avec et sans métro

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paris 13e 11-minVoilà un Vélib qui ne roulera plus. Sort-il de la Seine, pour être aussi couvert de boue ?

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paris 13e 12-minIl y a des gens dont le métier et la vie se passent sur une péniche, c’est poétique

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paris 13e 13-minJ’ai fait mon choix, je repars par un autre chemin avec un sac plein de verdure

paris 13e 14-minLa piste de skate, au milieu du boulevard Vincent Auriol

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paris 13e 19-minet au milieu du même boulevard un terrain pour s’entraîner au basket

Aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Bibliothèque Buffon. Andreï Makine, « Au-delà des frontières »

 

Aujourd’hui ce n’est pas comme hier à la magnifique bibliothèque Mazarine, ni comme le plus souvent à la belle bibliothèque des chercheurs du Museum, ni comme d’autres fois à la bibliothèque publique du Jardin des Plantes, ou à la gracieuse bibliothèque universitaire de la Sorbonne, ou à celle de la Sorbonne nouvelle, ou à la grande bibliothèque Sainte-Geneviève, ou à la bibliothèque Mohammed Arkoun, c’est à la bibliothèque Buffon – bibliothèque de la ville de Paris comme la dernière – que je suis allée travailler.

 

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En chemin, rue Buffon, toujours avec mon lourd sac sur le dos (ordinateur, cahiers, tapuscrits, livres), j’ai photographié cette nouvelle œuvre de Street Art :

 

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J’alterne les bibliothèques, je vais de l’une à l’autre, chacune a son esprit, j’y écris et j’y lis, j’y emprunte des livres et aujourd’hui ce fut le dernier roman d’Andrei Makine, que j’avais entendu à midi dans un excellent entretien à l’École des chartes.

b Au-dela-des-frontieresPour évoquer ce livre, je commencerai par un extrait de ce qui est présenté comme le manuscrit du personnage de l’identitaire, une fiction dans laquelle l’opération française dite du Grand Déplacement a envoyé en Libye les migrants non intégrés mais aussi un tas d’intellectuels médiatiques et de politiciens (parmi lesquels se reconnaissent clairement Sarkozy, Hollande ou BHL). Ainsi purgée, la France redevient catholique et mortellement ennuyeuse :

« Le Monde, rebaptisé Gloria Mundi, est devenu, à la stupéfaction générale, un excellent journal d’information. Ses collaborateurs en avaient les yeux exorbités – tant était grand l’ahurissement de ne plus faire de la propagande quotidienne. Libération, fidèle à son esprit soixante-huitard poussivement espiègle, s’est trouvé un nom très « cool » : Libyeration… Quant à L’Obs, sa réussite a été encore plus éclatante. Le journal s’est scindé en deux : un magazine érotique Obsession et une revue humoristique Oups ! On a même vu un célèbre critique littéraire s’engager comme éboueur dans un hippodrome, sur les rivages de Syrte… »

Plus loin dans le roman, le dentiste Pierre Cohen, voisin des identitaires qui le détestent par antisémitisme, murmure en voyant des cartons remplis de livres : « Ce ne sont plus nos lectures qui disent ce que nous sommes, mais notre ordinateur… »

Vivien de Lynden, l’identitaire suicidaire, rappelle Houellebecq, notamment dans ses rapports avec sa mère libertaire. Le roman oppose dans toutes ses composantes, ses divers récits et discours encastrés façon poupées russes – qui finissent par se rejoindre en un seul récit bien mené, les figures d’hommes grands et forts (et sages) à celles d’hommes petits et malformés (et frustrés), ainsi que celles de femmes plantureuses (et désirables) à celles de femmes « maigres » (et laides). Ce partage caricatural de l’humanité interroge sur la pensée de l’auteur, qui semble tout à la fois dénoncer et pratiquer une vision quelque peu eugéniste. Sa chronique n’en reste pas moins une fresque inquiète et sensible de notre temps, qui s’emploie à montrer aussi la voie d’un possible franchissement du désespoir avec la doctrine des trois naissances : la naissance biologique, puis la naissance sociale, marquée par la prédominance du discours – trompeur- sur l’être, et enfin, une souhaitable troisième naissance, « alternaissance » qui n’est pas plus précisément qualifiée mais que l’on pourrait dire spirituelle tout en étant fermement attachée à la vie réelle, qu’elle réinvente. Tel est le vrai « Grand Déplacement », celui qui sauve.

Un jour, à Prague, Andreï Makine me raconta qu’à son arrivée en France, pauvre et sans papiers, il s’était construit une cabane dans la forêt des Landes. Je crois que là fut sa troisième naissance. Je cite encore deux passages de son livre :

« L’un après l’autre, nous collons notre œil à l’oculaire du télescope… Je ne suis pas sûr de distinguer la « supernova » mais c’est le commentaire d’Osmonde qui m’éblouit : « Elle a explosé au moment où l’homme commençait à tailler les silex. Et pendant que la lumière traversait ce gouffre qui nous sépare d’elle, l’humanité a eu le loisir de concevoir ce télescope. Et aussi d’accumuler assez de bombes pour anéantir la Terre. Les survivants devront revenir au silex… »

(…) Quant à ceux qui se croient supérieurs, il faudrait leur expliquer que la seule supériorité est de savoir sortir du jeu, quitter la scène où tout le monde joue faux, tiraillé par la peur de manquer et la panique de la mort… »

Au retour, je suis passée par le jardin des Plantes, où j’ai photographié les scintillements du ciel dans une petite flaque bordée de fleurs de cerisiers.

 

buf-mincet après-midi à Paris 5e, photos Alina Reyes

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