Luxe de calme et de beauté, ma barque
fend les eaux poissonneuses à profusion,
à volonté, à vif, je suis l’étrave
et mon verbe, ma phrase l’étendue
scintillante au soleil des fruits sauvages
qu’on trouve au printemps dans les bois, des fraises
minuscules qui éclatent entre langue
et palais, pleurant leur joie aux papilles
du jour. Ma barque va, béatitude.
Dans sa travée les milliards de poissons
qu’elle engendre se transportent avec elle,
pont d’étoiles jaillissant de la mer,
dans l’infini des siècles que nous sommes,
milliards de mains entrelacées d’amour.