Les systèmes patriarcaux, le machisme, la misogynie, la gynophobie, sont fondés sur une vénération secrète de la mère, de la femme femellisée comme organe sexuel et reproducteur. Sacralisée, rendue taboue, haram, nécessitant une mise à part. Les femmes elles-mêmes œuvrent souvent à la perpétuation de ces systèmes qui leur confèrent une puissance occulte, un statut d’idoles de la famille et de la société, même si elles doivent payer ce statut par des ségrégations, des vexations, voire des violences de la part de ceux qui ne peuvent s’empêcher d’être à la fois épouvantés et révoltés contre ce qu’ils ont mis en place, et ceci d’abord dans leur cœur malade.
Le caractère malsain, secrètement incestueux, engendré par le refus de la mixité dans les structures traditionnelles des trois monothéismes, développe au cours du temps une morbidité qui s’étend à toute la société, y compris laïque et athée. Pourtant cet état de fait n’est pas à imputer aux monothéismes, mais au contraire à la peur des hommes de faire face à Dieu. De la Torah au Coran en passant par l’Évangile, la parole de Dieu ne cesse de mettre en garde les hommes contre l’idolâtrie, l’association.
Cet avertissement, nous le retrouvons dans la sourate 4, An-Nisaa, Les femmes. Le début expose des questions de droits de la femme, concernant l’héritage et le mariage. Le texte s’adresse aux hommes, il est clair qu’il est écrit dans un contexte où les femmes constituent une sorte de bétail humain dont les hommes ont la jouissance et la charge. Et que dans un tel contexte il s’efforce de rappeler justement le caractère humain des femmes, et la nécessité précisément de ne pas les traiter comme du bétail. Mais que cela signifie-t-il, au fond ? Il faut continuer à lire la sourate jusqu’au bout pour le comprendre. Notamment jusqu’aux versets 116 et 117, qui sont le résumé fulgurant de l’ensemble :
Certes, Dieu ne pardonne pas qu´on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Dieu s´égare, très loin dans l´égarement.
Ce ne sont que des femelles qu´ils invoquent, en dehors de Lui. Et ce n´est qu´un diable rebelle qu´ils invoquent.
Les questions de droit traitées au début de la sourate sont là pour éviter une sacralisation de la femme, si rassurante soit-elle pour l’esprit si peureux des hommes. Les femmes ne sont pas des bêtes sacrées, qu’il faut marquer à part. Ceux qui sont ainsi structurés dans leur tête, en vérité « ce ne sont que des femelles qu’ils invoquent » – leur rapport à la femme régissant en fait leur « foi » – « et ce n’est qu’un diable rebelle qu’ils invoquent » – leur malaise sexuel. Des versets qu’auraient profit à méditer les idolâtres du voile, mais aussi les gens d’Église, et encore bien des prétendus libres penseurs, en fait adorateurs du monde et de son hystérie trash. Idolâtrer les femelles, c’est se faire soi-même femelle idolâtre.
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