Je me suis levée à 3h25, j’ai jeûné à partir de 4h, j’ai prié, j’ai travaillé… Puis j’ai rompu mon jeûne à 16h30, en apprenant que finalement, après la polémique due au choix, non concerté il est vrai, du calcul astronomique plutôt que de la vision à l’œil nu, la date était reportée à demain. J’ai consulté plusieurs sites musulmans, et notamment les commentaires des lecteurs. Il paraît que la lune ne sera pas davantage visible à l’œil nu ce soir, il y faut une lunette astronomique. Il paraît que c’était ainsi l’année dernière aussi, et que personne n’a rien dit. Passons. Les pays arabes entrent en Ramadan demain, mais d’autres pays comme la Turquie y sont entrés aujourd’hui. Prions pour que tous les musulmans du monde arrivent à s’entendre sur la méthode qui leur permettrait d’entrer à l’unisson en Ramadan.
Ne pas manger ni boire ne m’a pas paru difficile, c’est une affaire de mental, une fois qu’on a intégré que le prochain repas est à dix heures du soir on s’adapte de bonne grâce. Mais j’ai été fatiguée par le manque de sommeil. Au moins cette journée m’aura servi de test : puisque la nuit ne fait pas plus de trois heures, trouver un autre temps dans la journée pour redormir.
Où allaient tous ces avions de guerre et ces chasseurs qui ont survolé Paris cet après-midi vers le sud-est ? C’était sinistre. La paix est si belle et bonne. En marchant j’ai songé que si l’on est exempté de jeûne en voyage, c’est aussi parce que le vrai voyage est en lui-même un jeûne, un temps où l’homme jeûne de ses habitudes. Autant que l’effort de l’abstinence, ce déplacement du quotidien qui brise nos conforts est propre à changer le regard, renouveler le cœur. Je n’oublie pas l’importante dimension sociale du Ramadan (même si je ne la vis pas encore), qui œuvre à unir la communauté, y renforcer les liens de respect mutuel et de solidarité. Ramadan est un trésor de l’humanité. L’ascèse et la fête de l’esprit sont liés, c’est pourquoi aussi les moines sont si joyeux. Et profondément apaisés.