Rentiers, houris et vigneron

Le pape François a demandé aux sœurs de ne pas avoir un sourire d’hôtesses de l’air, mais d’être des mères. Pourquoi les appeler sœurs, alors ? Si l’Église veut des mères, que n’en ordonne-t-elle, comme elle ordonne des « pères » ? En tout cas si le chrétien avait eu la folie de rêver un instant trouver un paradis de houris dans ces antichambres du ciel que sont censés être les monastères, le voici ramené à terre, avant même d’avoir pu décoller.

Le pape émérite, lui, coule une douce « vie de moine », servi par cinq memores domini : jadis les curés avaient une bonne (quand il le fallait assez « compréhensive », comme j’entendis un jour le dire une vieille catholique, pour leur éviter d’avoir envie de se marier), les papes qu’on canonise par lots aujourd’hui en ont cinq. Certains musulmans ont sans doute la même sagesse de croire qu’il est plus facile d’être maître de soi avec plusieurs femmes qui vous servent qu’avec une entière. Faut-il sourire (jaune) davantage des « droits » de la hiérarchie, ou de ceux du sexisme ?

Comme sur beaucoup de choses, le pape François a de bien belles paroles sur la place des femmes dans l’Église. C’est comme quand il réclame une Église dépouillée, sans rien faire pour se débarrasser de ses richesses, ni même seulement de sa très honteuse banque. S’ils ne peuvent pas s’en passer, si les églises ne peuvent cesser leurs grands affichages pour demander le denier du culte, si les prêtres ne peuvent gagner leur vie comme tout le monde, si les évêques, en plus d’être payés par les fidèles, ne veulent pas renoncer à encaisser au moins cent cinquante euros quand ils vont parler une heure quelque part (ce que bien des militants pas plus riches qu’eux font gratuitement), alors qu’il cesse de répéter qu’il veut une Église pauvre. Lui comme tant d’autres hommes et femmes pas encore sortis du dix-neuvième siècle sont plus éloignés d’un début de vision de ce que peut être, et de ce que peut, une femme, que nous ne le sommes des Martiens. Prions pour eux. Dans la vigne du Seigneur, pauvre paria, je poursuis mon travail, avec beaucoup de joie. Le nouveau livre, semblable à nul autre de mes précédents, est en cours.

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