Se déshabiller des feuilles mortes

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Tout jeune romancier, Modiano, à qui l’on demandait quand, selon lui, un écrivain atteignait sa maturité, répondit en substance : quand il a pris du poids physiquement, donc de l’âge. Il a peut-être changé d’opinion depuis. Selon mon sens en tout cas, ce sont au contraire les êtres légers physiquement qui produisent les œuvres les plus substantielles.

Comme il le constatait, on prend du poids avec le temps, et moi aussi, ces dernières années, j’en avais pris. Sept kilos que j’aurai bientôt fini de perdre, très aisément. Et c’est une grande grâce de réintégrer son corps éternel. Ne jamais croire à la fatalité. C’est le corps et le cœur légers que je m’engage dans mon œuvre finale, mon nouveau projet.

Je ne crois pas aux religions, pas du tout. Quelles qu’elles soient, y compris l’athéisme. Je n’y ai jamais cru, et c’est pourquoi j’ai travaillé à les désenvoûter, à faire en sorte que les hommes cessent de les idolâtrer. Pourquoi croire en quelque chose alors que Ce qui est, est ? J’évolue imparfaite dans un monde imparfait mais Ce qui me guide et m’appelle depuis ma naissance (et c’est pourquoi, aussitôt sortie du ventre de ma mère, je me suis littéralement mise à avancer, de toute ma foi, à la force des bras – et c’est pourquoi ceux qui cherchent refuge dans leur communauté s’aliènent et fuient la Vérité), Ce qui me guide depuis le début des temps est absolument parfait, dégage au sein de l’imperfection un chemin absolument parfait. Et je ne cesse d’en rendre grâce.

alinareyes