Le monde fantastique des Néandertaliens

ECH21522052_1

image trouvée ici (où d’éminents préhistoriens évoquent les peintures rupestres)

*

Ayant compris, après avoir rédigé ma première note, qu’en fait tous les cours et séminaires se retrouvent en vidéo sur le site du Collège de France, je préfère de beaucoup conseiller de s’y référer directement, pour éviter toute approximation ou erreur. Cette fois je voudrais juste évoquer l’enchantement produit dans mon esprit par l’évocation, aujourd’hui en live, de la vie des Néandertaliens en Eurasie, depuis au moins quatre cent mille ans et jusqu’à il y a trente à quarante mille ans. Un long temps, partagé entre plusieurs périodes de glaciation et des intervalles interglaciaires (nous en vivons un en ce moment, la fin de l’Holocène). Au cours de ces périodes les paysages changeaient considérablement en fonction du climat, pouvant compter près de deux tiers de forêt et plus d’un tiers de prairie en période tempérée, alors qu’en période glaciaire il pouvait ne plus y avoir de forêt, seulement des paysages arctiques et de la prairie.

« C’étaient les plus grands chasseurs de tous les temps », dit Patrick Auguste, archéozoologue qui présentait ses travaux après le cours de Jean-Jacques Hublin. « Parfaitement adaptés à leur milieu, à leur territoire ». Une reconstitution d’artiste montre leur musculature particulièrement puissante. Ils vivaient par petits groupes, très peu nombreux en tout, vraisemblablement pas plus de quelques milliers dans toute l’Eurasie, huit cents par exemple pour toute la moitié nord de la France. Et ils étaient entourés d’un bestiaire extraordinaire. Un garde-manger, certes, mais qu’il fallait mériter. Car les bestiaux de cette époque étaient de tailles impressionnantes. L’aurochs, leur principal gibier, faisait deux mètres au garrot. Chasser un tel animal demandait une excellente coordination des chasseurs, donc probablement un langage, et une très bonne connaissance de l’animal. Et puis il y avait tous les autres, une gigantesque diversité animale. En période interglaciaire des hippopotames se baignaient dans la Tamise (les îles britanniques n’étant pas encore séparées du continent européen), et voisinaient en Eurasie cerfs, daims, macaques, éléphants de forêt, aurochs, rhinocéros de prairie, rhinocéros de forêt, sangliers… En période glaciaire, c’étaient mammouths laineux, rhinocéros laineux, rennes, bisons des steppes, chevaux des steppes, bœufs musqués, antilopes saïga… Et la faune ubiquiste, qui s’adaptait à différents paysages : petits équidés, cerfs mégacéros (deux mètres au garrot, bois pouvant atteindre 3,50 mètres d’envergure), chats sauvages, ours des cavernes, loups, lions des cavernes (ressemblant plutôt à des tigres mais avec près de 2 mètres au garrot !) Oublions l’imagerie des mammouths au milieu des glaces, chacun de ces animaux a besoin de 500 kg de fourrage par jour, ils vivaient dans la steppe.

Voilà dans quelle splendeur et dans quelle liberté se mouvaient les Néandertaliens, d’un campement à l’autre. Évidemment leur petit nombre les rendait fragiles, mais ils ont quand même traversé plusieurs centaines de milliers d’années. Ils devaient avoir une connaissance extrêmement fine de leur extraordinaire environnement, éprouver des sensations extrêmement fines aussi à son écoute.

*

alinareyes