Méandres de la métaphysique

J’ai 59 ans, l’administration me demande des précisions sur ma carrière professionnelle afin de commencer à établir mes futurs droits à la retraite. Eh ben, c’est pas de la tarte. J’ai travaillé toute ma vie depuis l’âge de 18 ans (officieusement, 12 ans) et cela dans une multitude d’emplois. Ouvrière ostréicole (190 heures par mois en plein hiver du matin au soir debout dans le froid), caissière, employée toutes mains, femme de ménage, serveuse, vendangeuse, recenseuse, journaliste, attachée de presse, chargée de communication, professeur remplaçant, pigiste, et autres jobs et missions occasionnelles. Il apparaît qu’ils n’ont pu récapituler tous ces emplois, et d’après mon exploration de la vieille paperasse, je ne le pourrai pas non plus, mais du moins je dois essayer de rassembler tout ce que j’ai pu conserver comme traces. Depuis dix ans ils n’ont plus rien non plus, et il va aussi me falloir réunir ce que je pourrai d’attestation de droits d’auteur – qui il est vrai se sont réduits à mesure que j’étais chassée de l’édition par de mauvaises rumeurs, et se réduisent à peu près à néant aujourd’hui où je ne peux carrément plus publier, bien que je continue à écrire de bonnes choses, dans différents domaines. Passons, la vie continue. Et pour que la galère de cette plongée dans la paperasse ne soit pas complètement vaine, je tâche d’en tirer un enseignement pour ma réflexion sur ce que c’est que d’être, réflexion qui conduira ma thèse – et je me dis que lorsque j’aurai terminé, dans quelques heures, je reprendrai mes cours, notamment au Collège de France où j’ai commencé à écouter hier en ligne Claudine Tiercelin parler d’une nouvelle façon d’envisager la métaphysique, qui m’intéresse fort.

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