Le monde fantastique des Néandertaliens

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image trouvée ici (où d’éminents préhistoriens évoquent les peintures rupestres)

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Ayant compris, après avoir rédigé ma première note, qu’en fait tous les cours et séminaires se retrouvent en vidéo sur le site du Collège de France, je préfère de beaucoup conseiller de s’y référer directement, pour éviter toute approximation ou erreur. Cette fois je voudrais juste évoquer l’enchantement produit dans mon esprit par l’évocation, aujourd’hui en live, de la vie des Néandertaliens en Eurasie, depuis au moins quatre cent mille ans et jusqu’à il y a trente à quarante mille ans. Un long temps, partagé entre plusieurs périodes de glaciation et des intervalles interglaciaires (nous en vivons un en ce moment, la fin de l’Holocène). Au cours de ces périodes les paysages changeaient considérablement en fonction du climat, pouvant compter près de deux tiers de forêt et plus d’un tiers de prairie en période tempérée, alors qu’en période glaciaire il pouvait ne plus y avoir de forêt, seulement des paysages arctiques et de la prairie.

« C’étaient les plus grands chasseurs de tous les temps », dit Patrick Auguste, archéozoologue qui présentait ses travaux après le cours de Jean-Jacques Hublin. « Parfaitement adaptés à leur milieu, à leur territoire ». Une reconstitution d’artiste montre leur musculature particulièrement puissante. Ils vivaient par petits groupes, très peu nombreux en tout, vraisemblablement pas plus de quelques milliers dans toute l’Eurasie, huit cents par exemple pour toute la moitié nord de la France. Et ils étaient entourés d’un bestiaire extraordinaire. Un garde-manger, certes, mais qu’il fallait mériter. Car les bestiaux de cette époque étaient de tailles impressionnantes. L’aurochs, leur principal gibier, faisait deux mètres au garrot. Chasser un tel animal demandait une excellente coordination des chasseurs, donc probablement un langage, et une très bonne connaissance de l’animal. Et puis il y avait tous les autres, une gigantesque diversité animale. En période interglaciaire des hippopotames se baignaient dans la Tamise (les îles britanniques n’étant pas encore séparées du continent européen), et voisinaient en Eurasie cerfs, daims, macaques, éléphants de forêt, aurochs, rhinocéros de prairie, rhinocéros de forêt, sangliers… En période glaciaire, c’étaient mammouths laineux, rhinocéros laineux, rennes, bisons des steppes, chevaux des steppes, bœufs musqués, antilopes saïga… Et la faune ubiquiste, qui s’adaptait à différents paysages : petits équidés, cerfs mégacéros (deux mètres au garrot, bois pouvant atteindre 3,50 mètres d’envergure), chats sauvages, ours des cavernes, loups, lions des cavernes (ressemblant plutôt à des tigres mais avec près de 2 mètres au garrot !) Oublions l’imagerie des mammouths au milieu des glaces, chacun de ces animaux a besoin de 500 kg de fourrage par jour, ils vivaient dans la steppe.

Voilà dans quelle splendeur et dans quelle liberté se mouvaient les Néandertaliens, d’un campement à l’autre. Évidemment leur petit nombre les rendait fragiles, mais ils ont quand même traversé plusieurs centaines de milliers d’années. Ils devaient avoir une connaissance extrêmement fine de leur extraordinaire environnement, éprouver des sensations extrêmement fines aussi à son écoute.

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Aujourd’hui à Paris 6e et 5e

1Cloître des Cordeliers, fac de médecine : une exposition peinture et poésie, et une autre sur la fête des morts au Mexique2 3 4 5 6 7 8910 11 12Pour déjouer la surveillance et échapper au harcèlement sans fin de « la fausse parole », comme dirait Armand Robin, prendre des précautions comme avec la Stasi, aller dans divers cours de façon aléatoire…

13 14 15« La Bocca della Verita » au jardin du Luxembourg16 17 18 19 20dans le square en face du musée du Moyen Âge, la louve romaine, et derrière, Montaigne à la chaussure lustrée comme si on y prenait son pied21photos Alina Reyes

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Archéologie

Mon goût très ancien de l’archéologie, ma quête de la vérité dans l’origine, mon amour de l’originel, vient de ce que j’ai vécu neuf mois in utero avec un autre enfant qui est resté à l’état d’embryon, et sorti du ventre de notre mère avec moi (et il est fort possible que je porte de ses gènes). C’est aussi pourquoi j’ai vivement aimé, dès ma toute petite enfance, toute figure d’  « autre », d’étranger, et pourquoi j’ai adopté, adolescente, El Desdichado, Don Quichotte, Ulysse…, frères de l’autre monde, et dans La nuit de décembre de Musset :

Un étranger vêtu de noir
Qui me ressemblait comme un frère.

C’est aussi pourquoi j’ai pris pour nom d’auteur une histoire de double.

J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges.

Mais mon frère de l’autre monde, la Solitude, m’a gardée dans le bonheur de la vérité.

Ce que je pense, le fruit de mon travail, je ne le partagerai plus sur Internet comme je l’ai fait ces dernières années, parce que ce que vous donnez, des prédateurs avides le souillent, forcent votre porte, démolissent par bêtise l’inconnu qui les fascine et qu’ils ne peuvent comprendre, par manque de vérité en eux. Mais ma pensée embrasse tout, dans l’espace et dans le temps, elle est déjà toute entière en puissance dans sa forme embryonnaire, je la porte tandis qu’elle grandit, selon le temps qu’il lui faut, tout cela, la construction, l’élaboration, la révélation d’un être, est d’une extrême violence et d’une absolue beauté.

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