photo Alina Reyes
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Être libre en se laissant conduire par un esclave ? Ça va pas, la tête ?
Socrate, in Platon, le Lysis (ma libre traduction)
Pourquoi, quand je tentai d’être catholique, aurais-je dû me soumettre à des prélats moins libres et moins instruits que moi ?
En contradiction totale avec l’enseignement de Jésus, qui a demandé qu’on n’appelle personne père sur cette terre, c’est-à-dire qu’on ne se soumette à aucune autorité spirituelle humaine, l’Église a régné jusqu’ici par la domination, établie à coups de bûchers, d’inquisitions, de croisades, d’évangélisations forcées, de persécutions et meurtres de masse, de déculturations brutales, de négation des femmes, de vols, exploitations et viols d’enfants, de jeunes et de pauvres, d’accointances et de complicité avec les pires régimes d’oppression, de combat contre les tentatives politiques de libération de l’homme et de la femme. Elle s’est abritée derrière un discours d’amour pour commettre turpitudes et iniquités, et derrière une prétention de médiatrice de Dieu pour régner sur les âmes et les esprits.
La pédocriminalité affecte tous les milieux mais dans l’Église, malgré le peu de dénonciations dû justement à son système de domination et d’intimidation, c’est une tradition séculaire qui conforte son autorité sur les êtres et son déni de la commune loi humaine et sociale. Tradition qui comprend aussi une acceptation ou même une promotion de la maltraitance envers les enfants : sans revenir aux histoires, dont certaines encore très récentes, de vols ou d’exploitations d’enfants, n’oublions pas que le chœur dirigé par le frère de Benoît XVI a dû faire face à des révélations de maltraitances physiques et sexuelles des enfants, et que l’année dernière en audience publique, retransmise sur les télévisions du monde entier, le pape François déclarait qu’il trouvait « beau » qu’un père batte ses enfants.
L’Église, édifice fortement hiérarchisé et système d’apartheid (envers les femmes, les homosexuels, les divorcés remariés), est en train de s’écrouler comme la tour de Babel, précisément à cause de sa hiérarchie, qui est un orgueil de hauteur, et de son apartheid, qui est un grave défaut de construction. Elle est déjà une ruine, le vent s’engouffre entre ses pierres manquantes ou tombées, ce qui s’y fait dans l’ombre commence à apparaître au jour.
Dans un monde où les femmes sont aussi instruites que les hommes et ont les mêmes droits civiques, où tous les humains peu à peu gagnent accès à l’instruction et aux droits civiques, où les droits des enfants sont revendiqués, l’Église n’a plus lieu d’être, perd chaque jour un peu plus son lieu d’être. Tout y est à laisser tomber, et à réinventer, ailleurs. Retour à la belle vie des tentes pour les survivants !
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