Le 1er juin 1956, Jean Grosjean publiait dans la NRF un article sur les Éthiopiques de Léopold Sédar Senghor. La fin de son article s’ouvre à une réflexion magnifique sur la langue française. La voici.

Jean Grosjean à sa table de travail, photo Jacques Robert
« Ainsi se forment des constellations en Afrique avec une certaine présence arabe dans le ton parfois et jusque dans les mots sémitiques (quand on ne les a pas trop déportés vers les îles). Regarde, Europe, à ta droite, tes frères du Sud, ces benjamins, cet immense Yémen noir de l’Afrique. Ils ont comme toi reçu des semences du même vent d’est, du même arbre de connaissance de l’Éden, des choses qui se sont dites à Médine, qui s’étaient dites à Solyme, et, avec leur cœur à eux, regarde ce qu’ils en ont fait. Tu n’entendais pas leur langage, mais tu ne peux plus ne pas l’entendre maintenant qu’ils te parlent en français. Écoute leurs joies qui ne sont pas tout à fait les tiennes peut-être, et leurs espoirs qu’ils te doivent un peu, dis-tu, et leurs souffrances qu’ils te doivent aussi en bonne partie sans doute, et cette justice que tu sus quelquefois clamer, l’accent qu’elle prend dans leur voix.
Cette langue française, Europe, tu la connais. Quand tu te barricadais contre les Arabes, les Mongols, les Turcs et d’autres, c’est elle souvent qui parlait avec eux par-dessus tes murettes et t’empêchait d’être une petite fourmilière à l’écart des hommes. Et maintenant ce Cham à l’âme insatiable, ce vrai fils d’Adam et d’Ève, ce curieux de l’origine qui osa regarder l’ivresse nue du père Noé, tu voulais croire qu’il se taisait. Et voilà qu’il sait le français dans ses plus subtils dédales et l’emploie à se faire reconnaître, à la fin.
Dirons-nous à Senghor et à d’autres comme lui ce que nous leur devons en ces jours ? Notre langue ne peut plus être l’apanage de l’État français et de quelques groupes (ou, comme un temps, des cours d’Europe) ; elle devient une grande patrie mentale où dialoguent à hauteur d’homme des nations de toutes couleurs. »

 cette semaine à Paris, photos Alina Reyes
cette semaine à Paris, photos Alina Reyes

 
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
 

 (…) Enfin, la troisième entité, en général difficile à discerner, est (…) cette « voix » anonyme qui commence le récit par « Je sortais d’un théâtre » (…) on peut même aller jusqu’à donner un nom à cette voix, un nom de plume. Si vous le permettez, j’en sais un, très beau : Nerval. (…) Nerval n’est pas un Il tout comme  George Eliot n’est pas une Elle (seule Mary Ann Evans l’était). Nerval serait en allemand un Es, en anglais il pourrait être un It (malheureusement, les grammaire française et italienne nous obligent à lui assigner un sexe à tout prix).
(…) Enfin, la troisième entité, en général difficile à discerner, est (…) cette « voix » anonyme qui commence le récit par « Je sortais d’un théâtre » (…) on peut même aller jusqu’à donner un nom à cette voix, un nom de plume. Si vous le permettez, j’en sais un, très beau : Nerval. (…) Nerval n’est pas un Il tout comme  George Eliot n’est pas une Elle (seule Mary Ann Evans l’était). Nerval serait en allemand un Es, en anglais il pourrait être un It (malheureusement, les grammaire française et italienne nous obligent à lui assigner un sexe à tout prix). aujourd’hui à Paris 5e, entre deux giboulées et avant l’orage, photos Alina Reyes
aujourd’hui à Paris 5e, entre deux giboulées et avant l’orage, photos Alina Reyes Je suis passée par hasard devant cette galerie dans le 18e, je l’ai visitée et j’y ai particulièrement apprécié les peintures, souvent mêlées de collages et vivement colorées, de Troy Henriksen, un ancien pêcheur – ci-dessus exposé avec un dessin de Miss Tic. Voici quelques autres photos de ses œuvres que j’y ai faites, puis des liens pour en savoir plus sur ce peintre.
Je suis passée par hasard devant cette galerie dans le 18e, je l’ai visitée et j’y ai particulièrement apprécié les peintures, souvent mêlées de collages et vivement colorées, de Troy Henriksen, un ancien pêcheur – ci-dessus exposé avec un dessin de Miss Tic. Voici quelques autres photos de ses œuvres que j’y ai faites, puis des liens pour en savoir plus sur ce peintre.





 pour arriver au cimetière de Montmartre, on descend du pont, puis une fois dedans, comme dans tout Montmartre, on monte, on descend, on monte…
pour arriver au cimetière de Montmartre, on descend du pont, puis une fois dedans, comme dans tout Montmartre, on monte, on descend, on monte… J’ai eu de belles surprises mais sans avoir cherché à voir telle ou telle tombe, je me suis simplement promenée et j’ai pris des photos
J’ai eu de belles surprises mais sans avoir cherché à voir telle ou telle tombe, je me suis simplement promenée et j’ai pris des photos




 je ne savais pas que Fred Chichin était là
je ne savais pas que Fred Chichin était là





 et c’est alors que j’ai vu Nijinski, mon coeurfrère
et c’est alors que j’ai vu Nijinski, mon coeurfrère j’ai cherché dans mon sac quelque chose à lui donner, j’ai déposé à ses pieds une petite boule brillante kaléidoscopique, bout de bijou semblable à un cosmos
j’ai cherché dans mon sac quelque chose à lui donner, j’ai déposé à ses pieds une petite boule brillante kaléidoscopique, bout de bijou semblable à un cosmos et puis la danseuse étoile Ludmila Tcherina, pour danser avec lui
et puis la danseuse étoile Ludmila Tcherina, pour danser avec lui







 Zola aussi est là
Zola aussi est là




 cet après-midi, photos Alina Reyes
cet après-midi, photos Alina Reyes






