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Quand je suis dans le train de retour, le soir, je ne peux pas lire, toute à ma rêverie, mon bonheur, ma joie. Ce que j’ai vécu avec mes élèves me transporte, je regarde défiler la banlieue avec amour, puisque c’est là qu’ils habitent. J’ai à améliorer quelques points techniques dans mes cours mais ce n’est rien, l’essentiel est là. Je sais que ma méthode est bonne, même avec ses défauts techniques (ne pas assez donner de consignes pour la tenue du classeur par exemple – mais justement je ne voulais en donner qu’un minimum, je veux développer leur autonomie, de même que pour la discipline – cela m’est reproché alors je vais composer avec ça, alors que je serais arrivée à un bon résultat en prenant juste un peu plus de temps – forcément, la liberté prend un peu plus de temps à s’apprendre que les règles). Je sais que la méthode de l’Éducation Nationale, malgré tous ses trucs pédagogiques, n’est pas bonne, parce qu’elle perd en route le vrai esprit de la littérature, l’esprit de la liberté, de l’intelligence autonome, de l’imagination (elle croit développer tout ça mais ce n’est qu’une caricature de tout cela qu’elle inculque). Les études le prouvent, les élèves ne lisent quasiment rien d’autre que les lectures obligatoires (qu’ils lisent à moitié), et une fois partis de l’école ne lisent plus, et même ne se souviennent plus de rien de ce qu’ils ont appris en cours de lettres. Je ne sais pas si les miens liront, mais ce que je sais c’est qu’ils n’oublieront pas ce que nous faisons ensemble et qu’ils n’ont jamais fait. Je sais que cela ouvre des portes dans leur tête, que cela leur donne accès à des choses, à une personne en eux qu’ils n’imaginaient pas. Et ce n’est qu’un début.
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