De poètes, du temps en hébreu, de la galaxie d’Andromède et nous

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de naissance d’André Breton (en 1896) et celui de la mort de René Char (en 1988). Voici quelques considérations sur le temps dans les langues sémitiques, avant l’évocation de la formation d’Andromède et de sa rencontre à venir avec notre galaxie, la Voie Lactée.

bereshit

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En hébreu biblique, et dans les langues sémitiques, les verbes ne se conjuguent pas selon des temps, mais changent de forme selon qu’ils expriment le ponctuel (accompli) ou le duratif (inaccompli). En français, le passé simple dit un passé accompli, l’imparfait un passé en train de s’accomplir, inaccompli. Mais il n’existe en hébreu ni passé, ni présent ni futur. Le contexte détermine la compréhension et la lecture que nous faisons du verbe, qu’il soit à l’accompli ou à l’inaccompli. Le verbe à l’accompli se traduit le plus souvent par un passé simple ou passé composé, mais il peut aussi dire un plus-que-parfait ou un futur antérieur, ou encore, pour les verbes d’état, un présent. Un verbe à l’inaccompli se traduit le plus souvent par un futur, ou bien, dans un récit, par l’imparfait, ou encore, quand il s’agit de dire une généralité, par un présent.

Nous voyons déjà combien est souple, riche et libérale, dans une telle langue, la perception du temps. Tout est possible, dit ainsi le verbe de Dieu. Ce verbe non pris dans un temps linéaire, mais ouvrant le temps, le déployant dans un espace où l’esprit peut respirer, jouer, évoluer, grâce à ces formes accueillantes, qui permettent un dialogue en trois dimensions. Dans nos langues indo-européennes, le verbe corseté dans son temps impose sa situation comme un point sur une ligne. Celui qui parle envoie à celui qui écoute un message défini dans le temps. La communication est à deux dimensions, deux protagonistes, celui qui émet et celui qui reçoit. En ce qui concerne le temps, la langue indo-européenne est sans profondeur. La conjugaison place le verbe au croisement d’une longueur et d’une hauteur. En hébreu biblique, sont en conversation non seulement le locuteur et l’auditeur, mais aussi le temps. Le temps, parce qu’il n’est pas fixé, a son mot à dire. Parce qu’il n’est pas capturé, il se meut et vit librement dans le volume de la langue. Quelle que soit la situation dans le temps que le verbe désigne, celui qui le reçoit ou l’émet le vit présentement. Lorsque, au deuxième verset de la Genèse, est évoqué le souffle de Dieu se mouvant sur le visage de l’Eau, nous sentons, à lire ce récit dont les temps ne sont pas figés, que cela eut lieu, de façon durative, dans le passé (et nous traduisons le verbe à l’imparfait), mais aussi, que cela est, de façon absolue : que non seulement au commencement, mais par principe, l’Esprit de Dieu émeut le visage de l’Eau (autre traduction possible), et qu’il en fut, qu’il en est, qu’il en sera ainsi à jamais, tant qu’il s’agit de donner naissance à la lumière, et de créer et recréer le monde.

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Andromède est née de la fusion de deux galaxies, voici quand et comment :

Et voici une image du rapprochement d’Andromède et de la Voie Lactée dans 3,7 milliards d’années :

Crédits de l’illustration : NASA/ESA/Z. Levay/R. van der Marel (STScI)/T. Hallas/A. Mellinger

Crédits de l’illustration : NASA/ESA/Z. Levay/R. van der Marel (STScI)/T. Hallas/A. Mellinger

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Le texte sur l’hébreu est extrait de mon livre Voyage.

Aux mots-clés André Breton et René Char, ci-dessous, vous trouverez des notes dans ce blog sur ces poètes

Mes traductions sont ici même

Également ici même : la mesure du temps dans diverses civilisations

Un bel article sur le livre d’Andrea Marcolongo, « La Langue géniale, 9 raisons d’aimer le grec », avec notamment des considérations sur le temps en grec ancien : ici sur Slate

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alinareyes