Pensée pour les vivants

la pensée-min*

J’ai fait ce dessin au crayon et au stylo cette nuit, après une après-midi et une partie de la soirée passées à méditer sur Léonard de Vinci. Le matin, j’étais allée à la danse. À la fin du cours, l’une de nous a craqué, à cause de la fatigue due aux traitements anticancéreux. La prof lui a fait un câlin et nous a invitées à nous y joindre, ce que nous avons fait, un bon moment, formant un cercle d’amitié, têtes contre têtes, corps contre corps. Ensuite j’ai marché dans le dédale de la Salpêtrière puis à la sortie de l’ascenseur, côté Pitié, j’ai vu un petit attroupement et entendu un employé de l’hôpital demander à la cantonade si quelqu’un parlait anglais. Je me suis proposée, et il m’a confié un petit homme sans âge, qui ne parlait que quelques mots d’anglais, avec un accent qui le rendait difficile à comprendre. Finalement j’ai compris qu’il voulait aller à Lyon. Il avait dû entrer dans l’hôpital par erreur et s’y perdre, ou bien pour y demander son chemin. Je lui ai expliqué comment se rendre à la gare de Lyon, où prendre le bus, tout près de là. Je voulais l’y accompagner mais il était un peu sauvage, vraisemblablement un migrant africain pour qui le monde est dangereux ; il est parti. J’ai marché derrière lui pour voir s’il ne se trompait pas, et si, il se trompait, il s’en allait à droite comme je le lui avais dit, mais sur une route encore à l’intérieur de l’hôpital. Je l’ai appelé, rattrapé et accompagné sur le bon chemin. Il est parti, seul, pauvre, avec si peu de langue utile ici, et son petit sac dans le dos.

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