Je n’oublierai pas ce matin d’hiver où, dans la nuit noire encore, j’ai vu des blindés dans ma ville, Paris. Des blindés envoyés contre le peuple français par le président de la République française.
Je n’oublierai pas la tristesse sans nom de ce jour où, dès l’aube, les arrestations arbitraires se multiplièrent, par centaines, dans ma ville et dans mon pays. Ce jour où la police, une fois de plus, violenta les manifestants, tirant au flashball dans les visages, dans les yeux, les ventres, là jetant un handicapé à terre, ailleurs traînant une femme au sol par les cheveux, chargeant des gens agenouillés en hommage aux lycéens humiliés par cette même police, nassant ou visant au canon à eau des personnes pacifiques, menaçant de mort ou matraquant des gens tranquilles.
Je n’oublierai pas cet attentat de l’État contre le peuple. Ce blindé dans Paris peint du drapeau européen et du nom Hermès. Hermès, dieu des médias en rempart d’un président autodéclaré jupitérien -une falsification parmi tant d’autres de ce pouvoir.
Je n’oublierai pas ces jours où, après des mois de pouvoir abusif et de harcèlement verbal, les insultes répétées du président aux classes populaires se sont changées en violences physiques. Ce jour où il a fait suivre, en toute perversion narcissique, l’obscénité des violences de celle d’un appel à l’amour.
Je n’oublierai pas ce jour où, malgré les tentatives de terrorisation du peuple par le pouvoir et ses médias dans les jours précédents, des dizaines de milliers de citoyens, soutenus par des millions d’autres, ont manifesté la fierté intacte du peuple français.
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