*
Au paradis on peut faire son travail avec cœur, ou tout simplement aller se promener ; on peut faire l’amour, ou tout simplement aimer ; on peut écrire, ou tout simplement peindre. Des cailloux, par exemple. O m’ayant rapporté des galets, j’ai eu envie de les peindre. En fait il y a un moment que j’ai envie de peindre, et que je ne le fais plus parce que mon appartement est saturé de peintures, et d’autre part parce que je suis occupée à écrire. Mais j’ai trouvé comment continuer : en peignant des galets, qui prennent peu de place, ou en peignant par-dessus d’anciennes peintures dont je ne suis pas satisfaite – c’est ce que je ferai quand je ferai une pause dans l’écriture, très bientôt peut-être car j’en ai grand désir. À moins que je ne parvienne à peindre le matin et la nuit, par exemple, et écrire l’après-midi. On verra. C’est moins une affaire de temps que de partage dans la tête, souvent il faut être toute entière à une création, sans passer de l’une à l’autre.
J’ai d’abord lavé les galets dans l’eau savonneuse, je les ai rincés et séchés. Puis, sans idée préconçue, j’ai commencé à les peindre à l’acrylique, en passant de l’un à l’autre : en attendant qu’une couleur sèche sur l’un, la passant sur un autre. Je les ai peints comme des tableaux, c’est-à-dire en superposant les couches si nécessaire, en improvisant sur le support jusqu’à ce que je sois satisfaite. Puis je les ai vernis. J’ai laissé le verso au naturel, afin qu’il témoigne de ce qu’était le caillou avant transformation. Avec les cailloux, comme avec le bois, l’intérêt est aussi de jouer avec la structure, les formes voire les couleurs naturelles du galet – comme avec les nœuds sur une planche de bois et les mouvements sur une branche sèche. Ceux-ci sont donc mes trois premiers, il m’en reste beaucoup d’autres et O m’en rapportera autant que j’en voudrai.
copyright Dieu & Alina Reyes
*