Madame Terre à la datcha de Pauline Viardot et Ivan Tourgueniev et chez Bizet à Bougival

Par la belle journée d’hier, O a repris son vélo avec Madame Terre et l’a emmenée accomplir le rituel chez Pauline Viardot, une cantatrice étoile en son temps comme Maria Callas au siècle suivant, auprès de qui vécut Ivan Tourgueniev, auteur à redécouvrir, qui contribua notamment par ses écrits à l’abolition du servage en Russie. Et, tout près de leur datcha, chez leur voisin Georges Bizet, que nous écouterons chanté par Maria Callas.

vue de la forêt au-dessus de chez eux-min

dans la foret-min

la datcha-min L’accès à la maison est clôturé par un haut grillage, mais O a trouvé un endroit où il a pu passer par-dessus et entrerle parc de la datcha-min

mme terre à la datcha-min

prise de terre à la datcha-min

mise de terre à la datcha-min

trefles à la datcha-mincherchez les trèfles à quatre feuilles !tulipier et datcha-min

jonquilles à la datcha-min

pauline viardot-min

viardot tourgueniev-min

tourgueniev-minPuis, à quelques dizaines de mètres de là, la maison de Bizetchez bizet-min

maison bizet-min

bord de seine bizet-min

prise de terre bizet-min

mise de terre bizet-min

mme terre devant chez bizet-minAujourd’hui Bizet aurait sans doute du mal à composer de ce côté de sa maison, bordé par une route très passante, mais à l’arrière, toujours la paix de la Seine…seine derrière chez bizet-min

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Pour finir, Maria Callas, qui sait se faire attendre, et se donner :)

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Madame Terre reprend du service avec les taxis russes de Sainte-Geneviève-des-Bois

Telle l’hirondelle, le retour de Madame Terre sur les routes annonce le printemps. Le temps redevenant assez doux, O a repris son vélo pour aller cette fois visiter les taxis du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, à une trentaine de kilomètres au sud de Paris. Pas mal de célébrités y reposent mais c’est aux taxis, qui furent si nombreux et appréciés à Paris dans les années trente, qu’il a eu envie de rendre hommage, en songeant aussi à tous les immigrés d’aujourd’hui.

mme terre et l'avion-min

en chemin vers les taxis russes-minen chemin, une halte à Orly puis dans un joli paysage, avant l’arrivée au cimetière orthodoxe, et le rite de la prise de terre et de la mise de terre dans la bouteille dont j’ai fait Madame Terre (et qui contient aussi un petit bout de manuscrit, protégé), déjà riche de la terre mêlée à quelques feuilles, fleurs, eaux et cailloux des pèlerinages précédents :mme terre au cimetière russe-min

cimetiere russe-min

coucou-min

prise de terre au cimetière russe-min

mise de terre au cimetière russe-min

tombe au cimetière russe-min

tombes au cimetière russe-min

allée au cimetière russe-minà bientôt pour la suite d’une bouteille à la terre !

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autres cimetières

autres Madame Terre

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Grandeur nature

« Les images que je dessine sont toujours celles de corps grandeur nature, sans effet de style. Elles ont dans leur fonctionnement quelque chose de l’empreinte. Ce sont comme des pas dans le sable. » Ernest Pignon-Ernest, in Europe,  numéro de ce mois-ci sur Mahmoud Darwich

these-min (3)

Verso du classeur de ma thèse en couleurs. Le recto est ici, les pages .

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EUROPE-min (1)
Mahmoud Darwich par Ernest Pignon-Ernest en Palestine

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« Le street art instaure un dialogue avec les habitants, questionnant tantôt l’histoire du bâti, tantôt la profusion croissante d’entraves à la liberté y étant instaurée (vidéosurveillance, omniprésence écrasante des publicités, etc.) » Fanny Crapanzano, Street Art et Graffiti : l’invasion des sphères publiques et privées par l’art urbain

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Écrits, pierres, étoiles etc.

crayons et feutres-min marque-pages-min cailloux etc-min thèse-min« ma thèse en couleurs », photos Alina Reyes

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« Il arrive quelquefois que les rayons tombés des étoiles (pourvu qu’ils soient de la même nature) s’unissent aux métaux, aux pierres et aux minéraux, qui sont tombés de leur position la plus haute, les pénètrent entièrement et s’amalgament à eux. »

Johannis Grasset, « Physica naturalis rotunda visionis chemicae cabalisticae », in Theatrum chemicum,  1661, cité par André Breton dans « Langue des pierres », essai publié dans le numéro 3 du Surréalisme, même, automne 1957

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Écrire une thèse c’est bâtir un palais, une aventure extraordinairement humaine, à chaque instant et pour des siècles en ce monde. Je franchis toutes choses.

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Autre dimension

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Cette nuit en rêve, entrée dans ma thèse en couleurs, qui se transformait en maison, belle maison lumineuse entourée d’un jardin très vert, tout en étant textes dans lesquels il était loisible d’aller et venir.

Le rêve n’est ni imaginaire ni rêverie mais expérience et réel.

Avant-hier j’ai eu la fève (une petite chouette en céramique) juste après avoir lu cette phrase de René Char sur Rimbaud, dans Recherche de la base et du sommet : « Il sait la vanité des renaissances, mais plus et mieux que tout, il sait que la Mère des secrets, celle qui empêche les sables mortels de s’épandre sur notre cœur, cette reine persécutée, il faut tenir désespérément son parti. »

Et hier à la bibliothèque j’ai lu ces autres phrases de Char, dans Le Nu perdu, « Dans la pluie giboyeuse » : « Quelques êtres ne sont ni dans la société ni dans une rêverie. Ils appartiennent à un destin isolé, à une espérance inconnue. Leurs actes apparents semblent antérieurs à la première inculpation du temps et à l’insouciance des cieux. Nul ne s’offre à les appointer. L’avenir fond devant leur regard. Ce sont les plus nobles et les plus inquiétants. » Et j’ai songé, ni à quelque grand poète ni à quelque autre « grand homme », mais à la plus humble personne que j’aie jamais rencontrée, une personne qui, de son élocution difficile, me parlait d’étoiles et de pierres, et qui, un jour, dans la montagne, me raconta l’un de ses rêves.

C’est pourquoi, a dit aussi René Char, « Le poète est la partie de l’homme réfractaire aux projets calculés (…) [il] ne meurt pas forcément sur la barricade qu’on lui a choisie. » Et pourquoi aussi il a défini son recueil Fureur et mystère comme « un dire de notre affection ténue pour le nuage et pour l’oiseau. »

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