Le plan de meurtre de Trump-Netanyahou

cain-minCaïn et Abel. J’ai photographié cette icône du XIXe siècle cet après-midi à Héraklion.

Quelques heures après je regardais en direct, abasourdie, Trump-Netanyahou présenter leur « accord de paix ». Deux cinglés, imbéciles et cyniques, infectés mortellement de ce virus qui se répand dans le monde et qui consiste à ne plus seulement mentir en paroles, mais à faire mentir les paroles, comme dans 1984 : « LA GUERRE C’EST LA PAIX », etc. Il y a un remède contre ce virus qui menace de mort toute l’humanité : l’intelligence. Exerçons-la. Je dis bien l’intelligence, et non la ruse, la duplicité, voire le machiavélisme, la tactique politicienne – toutes façons d’être pourries et pourrissantes. Exerçons l’intelligence qui consiste à être honnête, en parole et en acte.

Haïkus grecs

 

Perles, perles d’eau

qui roulent sur les galets.

Chocs de la lumière.

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Plein sud, c’est l’été

en hiver. La tourterelle

roucoule, invisible.

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Le bleu de la mer.

Le bleu trop bleu de la mer

pleine de noyés.

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La mer tragédienne

chante le sang des humains

qu’elle a avalés.

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Bleu teinté de rouge,

quand vient la douceur du soir,

le ciel l’est aussi.

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à bientôt pour la suite crétoise !

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Vanessa Springora, l’effet avalanche sur Saint-Germain-des-Prés

 

Plus fort qu’Héraklès, l’acte littéraire de Vanessa Springora nettoie les écuries germanopratines, plus crasseuses que celles d’Augias. Bienheureuse, amusée, satisfaite pleinement, je regarde tomber les masques, j’entends bafouiller les parleurs et les parleuses, je vois grimacer les amertumes, les jalousies, les dépits. Autant en emporte la neige ! La vie est de toute beauté.

En 2013, après que j’ai dû quitter, par la faute des porcs des écuries germanopratines, ma grange dans la montagne, la montagne a réagi, le village et la vallée ont subi avalanches puis crues exceptionnelles. Extrait de mon journal, tenu depuis Paris :

Là-haut, le village a dû être évacué. Tant de neige est tombée, il est menacé par les avalanches. Les journaux en parlent, les télévisions aussi. Patrick, un commerçant, répond à un journaliste qui lui demande en substance à quoi il s’attend, cette phrase merveilleuse :

« C’est ce qui est là-haut, tu sais, celle qui vient du Bon Dieu, celle dont nous avons tous besoin, la neige ! »

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toutes mes notes sur l’affaire Matzneff : ici

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Affaire Matzneff, suite

 

Je continue ma série de notes sur cette affaire.

Pauvre Antoine Gallimard, contraint de renoncer à la commercialisation des journaux intimes de Matzneff, publiés pendant des décennies et jusqu’à il y a trois mois par Sollers dans cette maison, après avoir dû renoncer aussi, sous la pression, à rééditer les pamphlets antisémites de Céline. Le communiqué de presse prétend prendre en compte la souffrance exprimée par Vanessa Springora dans son livre Le Consentement mais le fait est que les flammes sont en train de lécher la baraque : je le disais, Gallimard et Sollers devraient être tenus pour complices des crimes de Matzneff, non seulement parce qu’il en faisait l’apologie, donc incitait au crime, mais aussi parce que l’encourager à publier toute sa vie ce journal c’était l’encourager aussi à réitérer indéfiniment ses crimes, afin de pouvoir ensuite les écrire – depuis, j’ai lu un article dans lequel une juriste disant que les éditeurs pourraient aussi être poursuivis dans cette affaire.

La caste mauvaise, hypocrite, méchante, qui se nourrit dans la mare littéraire germanopratine, ne s’est évidemment pas nettoyée de sa merde en quelques jours. On a lu nombre d’articles fourbes de Libé et d’autres journaux, entendu les réactions éhontées et /ou opportunistes des Giesbert et autres Durand, Beigbeder et compagnie. Savigneau se gratte en vain sur son compte twitter, Christine Angot, admiratrice de l’œuvre de Matzneff (dont je ne veux pas citer les témoignages immondes et détaillés de ses viols, rappelons seulement qu’il écrit qu’« Un enfant c’est merveilleux. On y entre comme dans du beurre »), Angot donc, déclare sur France Inter que lui et les autres pédocriminels sont « de grands naïfs, de grands sentimentaux ». Maïa Mazaurette, la désastreuse chroniqueuse sexe du Monde, attire l’attention sur le fait que les enfants peuvent participer à leur viol, affirme que beaucoup s’en remettent très bien, et estime qu’il ne faut pas qualifier de prédateurs les pédocriminels, dont certains d’ailleurs ne violent les enfants qu’occasionnellement. Il y a quelques années, Sollers en mode vieil oncle incestueux déclarait à la télévision, d’un air entendu, qu’il avait des nièces très charmantes – confortant ainsi l’intérêt qu’il disait avoir, ailleurs, pour l’inceste. (Et éclairant sa sentence sur Macron :« Sexuellement, il a tout compris »). Gallimard n’a pas suspendu la commercialisation des livres de Sollers et de Haenel parce que mon livre Forêt profonde et ma parole ont été soigneusement occultés par tout le milieu depuis 2007 mais tout vient à son heure et l’histoire n’est pas finie.

Les pédocriminels comme les violeurs en tout genre sont bien des prédateurs, et de la pire espèce : des cannibales, la honte absolue de l’humanité. Ils dévorent des corps et/ou des âmes, c’est ce qu’on appelle l’emprise. Comment s’en sortir lorsqu’on est déjà plongé dans le chaudron, avec un malade mental qui vous tape sur la tête pour vous y enfoncer, bientôt rejoint par une bande d’autres cannibales et de lobotomisés qui lui viennent en aide, même quand vous répétez pendant des années votre non-consentement ? Comment réagir autrement que de manière suicidaire, en plongeant plus profond dans le chaudron pour en finir, ou de manière agressive, en gesticulant et criant pour protester et alerter ? Vanessa Springora raconte qu’un jour où elle devait faire une rédaction (elle était en quatrième lorsqu’il venait l’attendre à la sortie du collège), Matzneff l’obligea à écrire sous sa dictée l’une de ses expériences à lui, au lieu de la sienne. La dépossédant ainsi de sa propre parole, faisant fi de ses protestations, de son désir d’écrire elle-même (elle aimait cela et avait de très bonnes notes en rédaction). Il fallait qu’il lui mange le cerveau, voilà le fin mot de l’histoire. L’édition est tenue par des bourgeois qui exploitent les auteurs financièrement (auxquels ils laissent à peine 10 % en moyenne du prix du livre qu’ils ont écrit) et qui, dans leur vie privée, vampirisent, exploitent psychiquement les femmes et/ou les enfants.

« Trop beau, trop libre, trop heureux, trop insolent, trop de lycéennes dans son lit, ça indispose les honnêtes gens ». Voilà comment Gallimard présentait Matzneff sur son site, avant de découvrir soudainement que leur chéri, qui leur livrait au moins par procuration, par fantasme (voire réellement, comme peut-être à ses mécènes privés, qui sait ?), des garçonnets et des collégiennes à violer, n’était en fait pas si beau que ça. Matzneff est malade mentalement, c’est entendu. Mais sont malades et au moins aussi dangereux ceux qui l’ont poussé à s’enfoncer dans sa maladie – comme sont dangereux ceux qui (souvent les mêmes) poussèrent les dessinateurs de Charlie Hebdo à gâcher leur talent en s’enfonçant dans un délire raciste sexuel, dans les années à partir de Val, les conduisant eux aussi à la catastrophe. Il y a cinq ans aujourd’hui, les frères Kouachi, victimes d’un pédophile de leur quartier pendant leur enfance, ajoutant la haine à la haine, assassinaient abjectement ces dessinateurs que nous continuons à pleurer, blessant tout un pays avant de trouver la mort dans une imprimerie. Aujourd’hui c’est tout un pays qui est blessé aussi par la déflagration du livre de Vanessa Springora. Contrairement aux terroristes qui n’en avaient pas les moyens, elle a trouvé la bonne arme, celle de la parole, celle qui libère et sauve.

Après l’avoir cherché en vain en librairie (il était en rupture de stock), j’ai trouvé par hasard le livre de Springora dans la Maison de la Presse qui distribue dans les commerces de mon quartier de gros nounours en peluche. Voilà qui parle, pour un livre dénonçant la pédophilie. Voilà qui, dans cette démultiplication envahissante, fait image également sur le harcèlement (dont témoigne Springora mais aussi ce journaliste qui a connu une autre victime de Matzneff, devenue stérile après avoir dû avorter, adolescente), le viol psychique dont se rendent aussi coupables ces prédateurs. Des prédateurs qui n’ont pas un caractère de fauves, mais de sangsues, voire de moules accrochées à leur rocher. La presse européenne parle de l’affaire Epstein, la presse américaine parle maintenant de l’affaire Matzneff. Il faut toute la force de la vox populi pour constituer la grande vague capable d’arracher les vampires à celles et ceux dont ils se nourrissent, à celles et ceux dont ils sucent la vie, n’ayant pas assez de vie en eux pour exister par eux-mêmes. Nous ignorons presque tout de la vie de l’esprit manifestée à travers le monde. Eppur, il agit.

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Qu’est-ce que la littérature ? À propos du livre de Vanessa Springora

 

Qu’indique la critique du livre de Vanessa Springora, Le Consentement, dans le JDD d’aujourd’hui ?

1) Que la journaliste qui l’a rédigée ignore ce qu’est la littérature ;

2) Qu’elle ne sait pas lire ;

3) Que les soutiens du pédocriminel Matzneff bougent encore dans leur bourbier.

Je commencerai par le troisième point. Je constate que tous les médias épargnent singulièrement Antoine Gallimard, patron de l’entreprise Gallimard (dont il a hérité) et Philippe Sollers, éditeur chez Gallimard depuis des décennies des pires textes de Matzneff, ceux où il détaille ses crimes sur des dizaines d’enfants. Ces deux sinistres types ont soutenu Matzneff, l’ont aidé par tous les moyens puissants dont ils disposent, y compris financiers en le mensualisant pendant des années.

En 1990 ou 91, quand j’ai envoyé un manuscrit chez Gallimard, c’est Sollers qui s’en est emparé, alors que je m’étais bien gardée de le lui adresser. Une façon de me ferrer peut-être inspirée par les méthodes de celui qu’il qualifiait de héros, Matzneff – sauf que je n’avais pas treize ans et que je n’ai jamais consenti à ses manipulations intellectuelles, mais c’est une autre histoire que j’ai racontée déjà dans mon roman Forêt profonde, je n’y reviendrai pas maintenant. Si j’en parle c’est pour mentionner que Sollers me poussa aussitôt à raconter ma vie dans mes romans ; je découvre seulement ces jours-ci qu’il était l’éditeur de Matzneff, et il me paraît vraisemblable qu’il a dû encourager aussi ce dernier sur cette pente. Même quand cette pente était celle du crime, le besoin de faire des livres en racontant sa vie induisant le besoin chez Matzneff de recommencer sans cesse ses exploits de pédocriminel, de se vanter de sodomiser des garçons de huit à treize ans et des filles de treize à quinze ans, filles à qui il faisait subir, en plus – et c’est sans doute le pire – une intense entreprise de destruction psychique, ainsi que le révèle le livre de Vanessa Springora. Il y a eu là, il y a là, de la part de Sollers et de son patron Gallimard, non seulement non-assistance à personnes en danger, mais aussi complicité de crime, et incitation au crime.

Or la presse continue à ménager de son mieux ces parrains du milieu littéraire. Antoine Gallimard n’est jamais mis en cause. Le nom de Sollers apparaît, mais souvent il est oublié parmi les signataires des pétitions pro-pédophilie, et s’il est mentionné comme éditeur de Matzneff c’est sans y insister, comme si la chose était anecdotique, ainsi que ses insultes publiques à l’encontre de Denise Bombardier. Libération s’est fendu d’un texte pour tenter d’absoudre Sollers en disant qu’il avait regretté d’avoir signé ces fameuses pétitions (qu’il prétend avoir oubliées, signées quasiment sans les avoir lues) mais sans mentionner qu’après elles et jusqu’à cet automne 2019 il a continué à publier les carnets de Matzneff, où il vante constamment ses hauts-faits sexuels et son train de vie dispendieux, entre voyages et grands restaurants au quotidien (alors que par ailleurs il crie misère et implore la charité des pouvoirs publics). Je vois dans le JDD d’aujourd’hui, qui consacre un dossier à Matzneff, la critique mauvaise du livre de Vanessa Springora par Marie-Laure Delorme comme une énième défense des complices de Matzneff, qui s’échinent à clamer son prétendu talent littéraire, et une énième attaque contre l’une de ses victimes, dont il leur faut au moins salir le travail (tout en vantant le dernier livre de Moix au passage, mafia oblige).

Selon Mme Delorme donc, le livre de Vanessa Springora ne serait pas de la littérature. Mme Delorme ne parle pas, à propos de la manie de Matzneff, de pédocriminalité ni même de pédophilie, mais de « goût pour les mineurs ». Et elle reproche à Vanessa Springora d’avoir écrit un livre vertueux, un livre qui n’aurait donc rien à voir avec la littérature. Mme Delorme croit sans doute que la littérature consiste soit à phraser, soit à pédanter. Or il ne suffit pas d’aligner des phrases jolies ou pompeuses ou précieuses, avec imparfaits du subjonctif plus ou moins bien maîtrisés, pour faire de la littérature. Ni de construire une histoire, un cadre, des personnages, selon les vieilles recettes de cantine des écrivaillons. Je le dis encore une fois avec Kafka : un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Le reste n’est que littérature, au sens péjoratif ou minoratif du terme. La Littérature majuscule brise la mer gelée en nous. Ce livre terrasse le lecteur, a écrit quelqu’un que je ne connais pas à propos de mon roman Forêt profonde, occulté par toute la presse parisienne parce que Sollers s’y estimait offensé, bien que son nom n’y apparût pas. Mon premier roman fut aussi un choc, et quelques autres de mes livres aussi je l’espère ; en tout cas ce fut le cas pour Poupée, anale nationale, que Sollers refusa de publier et qui, bien avant Forêt profonde, face au choc causé par la publication de ce livre, se livra à une entreprise de vengeance contre moi dont je ne m’aperçus que plus tard (en fait tout avait commencé avant encore, à partir du moment où je ne m’étais pas rendue quelque part où il devait être et où il m’avait fait inviter juste après s’être saisi de mon premier manuscrit envoyé chez Gallimard). Le livre de Vanessa Springora brise puissamment la mer gelée en nous. Et il le fait avec une très grande intelligence littéraire, dans une simplicité remarquable, sans effets. En qui le lit sans œillères, il brise la mer gelée comme il la brise en toute notre société – en témoigne son succès. L’écriture de Springora, avec sa mise à plat calme et déterminée des faits, est infiniment plus puissante que les préciosités et les alignements de citations latines de Matzneff. Springora ne s’embarrasse pas de construire une histoire, des personnages, ni de faire des phrases et des effets. Elle va au but, chacune de ses pages, chacun de ses mots est le but. La vérité nue. Son écriture est virile, au sens de la virtus que j’évoquais dans ma note précédente : courageuse, dynamique, forte. Elle met le terrain à plat, comme dans Isaïe, pour ouvrir la voie à la vérité. Elle ne joue pas petit jeu, elle ne se fait pas plaisir, elle plante chaque coup d’épée droit où il faut la planter. Elle est efficace, elle est performative. Elle ne cherche pas les effets, elle fait effet. Voilà la Littérature : non pas une entreprise de divertissement, criminel ou non, mais une action. Une action capable de sauver des vies, de sauver la vie.

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Suivre le mot-clé Matzneff pour voir mes autres notes sur l’affaire. Voir aussi les mots-clés Sollers et Forêt profonde.

 

Affaire Matzneff : le piteux spectacle du milieu littéraire

 

J’ai rencontré Matzneff (que je n’avais jamais lu) il y a une dizaine d’années lors du vernissage d’une exposition de photos de Sophie Bassouls qui s’accompagnait de quelques-uns de mes poèmes, dans l’espace culturel des Éditions des Femmes. L’attachée de presse de l’époque était l’une de ses amantes ou de ses ex, je ne sais plus. Jeune mais pas collégienne, ni petit écolier français ni petit garçon des rues de Manille comme tant d’autres de ses victimes. Elle me dit un jour qu’il la faisait souffrir, pour tenter de me convaincre que c’était normal. Il était donc là, avec un ami écrivain que j’avais déjà rencontré ailleurs et dont j’ai oublié le nom, Dominique quelque chose si je me souviens bien (façon de parler) – il est mort depuis. Il me parla d’Anna Akhmatova, sa poétesse préférée. Je faisais poliment semblant d’écouter, j’ai horreur de ces conversations lettrées, de ces afféteries, de ces préciosités qui font le milieu littéraire et sous lesquelles se cachent les plus grossiers sentiments, calculs, haines, jalousies, envies d’argent et d’honneurs, vanités démesurées, aptitudes à toutes les trahisons, toutes les oppressions, toutes les compromissions. J’aime la conversation des paysans, des artisans, des artistes, des soldats, des gens qui ont un métier, des gens qui font la cuisine, des gens qui font vraiment quelque chose. Le milieu littéraire est un milieu de gens qui ne font rien d’autre que branler la queue du chat. Bien sûr les écrivains écrivent, et ce n’est pas rien faire. Mais le milieu littéraire ce ne sont pas les écrivains, c’est le milieu où les écrivains naufragent. C’est « le monde », le monde mondain, le contraire du monde réel et spirituel où se déploie tout le vivant. Et ceux et celles qui vivent du milieu littéraire ne sont plus que des morts. C’est parce qu’ils sont morts qu’ils peuvent faire le mal et soutenir ceux qui font le mal tout en se croyants supérieurs au commun des mortels. C’est parce qu’ils sont morts et impuissants, hommes et femmes inachevés, incapables de vivre une vie d’homme ou de femme pleine et entière, qu’ils vivent de combines et d’abus de toutes sortes. Et au royaume des morts, comme le disent d’une façon ou d’une autre toutes les spiritualités du monde, vient toujours le moment de rendre des comptes. Matzneff qui se veut chrétien l’aurait compris, s’il lui restait assez de vie pour penser. Mais ces gens-là, qui se prennent pour des penseurs, ont le cerveau aussi bousillé que le cœur. Matzneff est en réalité aussi stupide que son éditeur Sollers, qui a remplacé son allégeance au nihilisme maoïste par une allégeance au nihilisme heideggerien, aussi stupide que son soutien Moix qui a remplacé son allégeance au nihilisme nazi par une allégeance au nihilisme heideggerien, qui est un nihilisme nazi… Aussi stupide que ses autres soutiens, le pubeux Beigbeder, l’éditocrasseux Giesbert, la grimaçante Savigneau, etc., etc. Sans eux, sans les soutiens publics par dizaines ou centaines de milliers d’euros et les soutiens privés (que leur fournissait-il en échange ?) qui lui ont permis de mener grand train pour ses chasses à l’enfant, combien d’enfants auraient été sauvés de ses griffes et de celles de tant d’autres confortés par son exemple célébré ?

Le milieu littéraire est celui où je me suis toujours le plus sentie mal à l’aise. Et je sais pourquoi. C’est le milieu le plus dépourvu de grâce. C’est un milieu sans aucune grâce ; raison pour laquelle, hélas, beaucoup de ses aliénés vont la piller ailleurs, là où elle vit, par exemple chez les enfants. C’est aussi un milieu dépourvu de virtus, comme celui des financiers et des technocrates. Un milieu qui ressemble beaucoup à la macronie, tout en superficialité et en fausseté, en en-même-temps (par exemple, comme Sollers, signer par deux fois des pétitions pro-pédophilie et publier pendant des décennies les récits abjects de Matzneff et en même temps se dire hostile à la pédophilie ; puis jouer les amnésiques et se terrer quand ça chauffe, comme en toutes circonstances avec le « courage, fuyons » pour seul viatique). Il y a cinq ans, Matzneff dans sa tribune au Point menaçait de se suicider parce que, comme tous les auteurs qui n’ont plus suffisamment de droits d’auteur (j’en suis), il avait été rayé de l’Agessa, l’organisme qui gère la sécurité sociale des auteurs. Quelle petite nature. Comme s’il était impossible de survivre sans l’Agessa, de trouver une couverture sociale autrement. Maintenant ses amis, comme Beigbeder, disent craindre qu’il ne se suicide si on continue à l’ennuyer. Oui, pas la moindre virtus chez ces gens gâtés-pourris, quand le vent tourne il ne leur reste que la pleurnicherie, le chantage, et d’énièmes trahisons et mensonges. Piteux spectacle.

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Mes précédentes notes sur Matzneff : ici

sur Sollers : ici

sur la pédocriminalité (Barbarin, Outreau…) :

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Dimension politique de l’affaire Matzneff

 

Le taxi hier soir en avait gros sur la patate. « Vous avez entendu le discours de Macron ? » Et il a fait un geste du doigt sur sa tête pour dire : « il est cinglé, ils sont cinglés ». Après nous avoir souhaité bonne année, et bon courage en ces temps très durs. Rappelant l’affaire Delevoye : « On est gouvernés par des voleurs, on n’a pas d’autre choix que d’essayer de se mettre à l’abri par tous les moyens, et continuer le combat ». Je résume, mais le gars était très remonté, très révolté, comme tous les gens du peuple comme nous dès qu’on a l’occasion de les entendre parler.

Les gens du peuple, les gens du monde de Macron ne les aiment pas. Les gens du monde de Macron, qui existaient avant que Macron ne soit président, qui existaient quand Macron avait quatorze-quinze ans et avait une « romance », comme ils disent, avec une prof de quarante ans sans que personne ne bouge davantage que lorsque Vanessa Springora, dans les mêmes années, avait aussi à quatorze ans une « romance » avec un écrivain de cinquante ans, qui existaient avant que Macron ne soit né, qui existaient déjà au dix-neuvième siècle, bref, les bourgeois aux affaires, qui dans leur organisation incestueuse ont porté Macron au pouvoir, s’estiment au-dessus des lois, volent et violent en toute impunité et se sentent généreux en se pardonnant les uns les autres alors que les mêmes crimes, quand ils sont commis par des gens de la plèbe, ne leur inspirent que mépris et haine, exprimés à longueur de temps dans les médias que leurs alliés détiennent. Sollers, éditeur de son ami Matzneff contant par le détail ses crimes sur enfants, se répandit en mépris et sarcasmes contre Myriam, l’une des pédocriminels d’Outreau, insistant sur son prénom de femme et d’Arabe, lui faisant porter toute la charge du mal.

C’est que ces gens se prennent pour des anges, voire comme Matzneff pour des archanges, et prennent les hommes et surtout les femmes du peuple pour des diables. Quand Pivot invitait régulièrement Matzneff à Apostrophes, lui conférant ainsi une légitimité et une publicité énormes, il s’agissait toujours de plaisants débats entre gens de bien. Quand Pivot m’invita dans sa même émission, il plaça cette dernière sous le signe du diable.

M. Matzneff a passé sa vie à violer des enfants et à en retirer toutes sortes de soutiens, institutionnels et privés, qui lui ont permis de mener la dolce vita, entre les beaux quartiers de Paris, l’Italie et Manille. Aujourd’hui encore, alors qu’on nous le présente comme un homme dans la misère, il bénéficie, outre la retraite minimum que touchent tant de Français qui contrairement à lui ont trimé sur des chantiers, dans des champs, ou à d’autres tâches qui nous permettent à tous de vivre, d’une allocation de la Société des gens de lettres (argent public) et d’un appartement de la ville de Paris en plein 5e arrondissement ; et il y a quelques mois encore il se vantait dans Le Point qui le paie aussi pour une chronique qu’il utilise volontiers pour défendre ses propres petits intérêts, d’inviter une jeune fille au Fouquet’s pour y manger du homard et y boire ses vins préférés (préférés de lui, pas de la jeune fille, évidemment). Messieurs-dames du monde de Matzneff, si votre protégé (vous fournissait-il en chair fraîche ou seulement en fantasmes ?) est dans la misère, c’est seulement dans la misère humaine que vous partagez avec lui, incapables que vous êtes, comme lui, du moindre début d’empathie avec les enfants qu’il a martyrisés, avec les enfants que certains d’entre eux, une fois adultes, ont dû martyriser à leur tour, avec les enfants que certains de ses lecteurs se sont trouvés autorisés par son prosélytisme à martyriser aussi, dans une chaîne du mal infernale.

Et cependant c’était donc moi, à vos yeux de bourgeois misérables, le diable. Non pas votre ami pédocriminel et parasite de la société, mais moi qui ai toute ma vie travaillé dur pour élever de mon mieux mes quatre enfants, sans les soutiens que se fournissent réciproquement les hommes qui ont fait allégeance à ce monde, moi qui cherchais par mes livres à libérer les femmes et les hommes de l’hypocrisie énorme de votre société, que vous nous imposiez. C’est moi que vous avez empêchée de publier, après que votre ami Sollers s’est reconnu dans le personnage nommé Sad Tod de mon roman Forêt profonde, dont pourtant vous seuls, dans votre petit milieu, pouviez deviner qu’il en était un portrait. Alors que j’ai publié plus de trente livres et de très nombreux articles en vingt ans de travail d’écriture, voilà plus de dix ans que tous les éditeurs me refusent mes manuscrits, que tous les journaux dans lesquels je pouvais écrire refusent désormais tous mes textes. Comment ai-je survécu ? Non pas aux crochets de la société, comme tant d’auteurs du milieu habitués à ramasser des aides publiques versées dans une certaine opacité, mais d’abord en vendant ma maison, puis en passant à soixante ans les concours pour devenir professeur, malgré une santé devenue défaillante (mon corps ayant pris sur lui le cancer qu’on voulait imposer à mon être). J’ai survécu comme le font les gens du peuple dont je suis, en luttant pour rester en vie dignement. Ils ont cru m’éliminer, mais on n’élimine pas la justice. Tremblez, iniques privilégiés, les gens du peuple veulent la justice, et vos quatre vérités n’ont pas fini de vous éclater à la gueule.

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