Kundalini yoga et batiks d’Akiko Iwasaki

Akiko Iwasaki, "Notion d'inexistence du temps"  (avec mon reflet en train de le photographier)

Akiko Iwasaki, « Notion d’inexistence du temps » (avec mon reflet en train de le photographier)

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Comme coussin de yoga, j’ai pris mon livre Voyage, épais avec ses mille pages, et je l’ai enveloppé d’un chèche, retenu autour du livre par un lacet de chaussure. J’aime bien savoir que je médite et pratique des exercices assise sur mon travail, sur toutes ces pages entièrement dédiées à la spiritualité, entourées d’un foulard de nomade du désert. Au jour où, pour les chrétiens, le Christ a été crucifié, au jour et à l’heure où les musulmans, à la mosquée toute proche, se rassemblent pour la grande prière, je pratique avec d’autres femmes et hommes, dans une salle de danse, le kundalini yoga, qui exerce l’esprit à travers le corps et donne paix, joie et vision de la vérité.

Les catholiques m’ont très maltraitée, par sexisme, puritanisme, autoritarisme et imbécilité. Après avoir voulu les aider, je les ai quittés, les voyant décidément irrécupérables. Les musulmans m’ont laissée tranquille, du fait qu’ils n’ont quasiment pas de clergé. La spiritualité islamique me convient parfaitement, et la grande prière où nous étions tous et toutes réunies dans le jardin intérieur de la Grande mosquée constituait un moment absolument splendide. Malheureusement le recteur a décidé de mettre les femmes à part en leur assignant une salle à l’entresol ; ne pouvant accepter ça, j’ai cessé d’aller prier à la mosquée. Au même moment, donc, dans notre salle de danse toute proche, guidée par la professeure, nous récitons le mantra Ong Namo Guru Dev Namo, c’est-à-dire : « Je m’incline face à la l’énergie première et créatrice, je m’incline face à la sagesse subtile et divine » ou : « Je m’incline devant la subtile sagesse divine, le divin enseignant intérieur ». Nous enchaînons les postures et les exercices, les chants, les récitations, les souffles, les méditations (tête voilée parfois), et pour finir nous récitons le mantra Sat Nâm, qui signifie « Je vois, je suis (être), la vérité », puis nous nous inclinons comme dans la prière islamique et nous nous redressons avec le sourire.

Akiko Iwasaki, une artiste qui organise des stages de batik, exposait les siens jusqu’à hier dans un couloir du même bâtiment. Leurs titres à eux seuls constituent des poèmes, et, associés à leur dessin, un beau support de méditation, de rêverie, de réflexion :

"Examen de la double fente, Mécanique quantique"

« Examen de la double fente, Mécanique quantique »

"La gravité"

« La gravité »

"Le jardin du temple au pavillon d'argent"

« Le jardin du temple au pavillon d’argent »

"Printemps"

« Printemps »

"Sukhumvit soi"

« Sukhumvit soi »

"Sutra du cœur"

« Sutra du cœur »

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