Où vont les fleurs ?

Photo Alina Reyes

 

Elles furent promesses de la sève qui montait de la terre dans les tiges virides

Elles furent royaumes de bourdons vibrionnants d’amour,

reposoirs et nectars de papillons portant de place en place

l’heureuse nouvelle de leur métamorphose

Elles furent parure, parfum et soleil des jardins et des tables

Elles jouèrent avec les nuages du ciel, s’ouvrirent à chaque aurore,

soupirantes, exposées au toucher du rayon de lumière.

Elles furent respirées, humées, contemplées,

cueillies parfois, offertes seules ou par bouquets,

messagères d’amour ou de reconnaissance.

Elles sentirent des paumes et des doigts contre leur corps si délicat

Elles rendirent sans compter leur parfum, leur âme.

Et puis, toujours buvant les eaux qui montent et les eaux qui descendent,

s’étant tout entières données, elles ont encore abandonné

à la splendeur leur ultime beauté, les murailles plus douces

que la peau de leurs fragiles citadelles, pétales

qui les vêtaient mieux que le roi Salomon et peut-être,

en tombant, allaient apporter au monde

un fruit encore jamais vu ni goûté, délicieux, nourrissant

et permis.